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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/276

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Journal

pour notre Religion, qu’un Roi idolâtre témoigne du reſpect : pour celui qui en eſt le chef en terre, & lui envoye des préſens des extrémitez du monde ; & je croi que le Roi ſera bien-aiſe de voir le Vicaire de Jeſus-Chriſt honoré par le Roi de Siam, & qu’un de ſes ſujets ſoit chargé d’une pareille commiſſion. Adieu, bon jour. M. l’Ambaſſadeur me fait appeller pour monter un éléphant : ce n’eſt pas raillerie, il y a cinquante éléphans devant la porte, & nous allons au cours de Louvo.

La promenade a eſté fort belle. M. l’Ambaſſadeur eſtoit monté ſur un éléphant, & moi fierement ſur un autre. On eſt dans une chaiſe à bras ſur des carreaux ; il y a un homme ſur le cou, un autre ſur la queue, qui gouvernent l’éléphant avec un bâton d’argent à pointe de fer. L’allure eſt un peu rude, mais ſure. Ce ne ſont que des femelles, qui ſe mettent à genoux quand on veut, & qui ne demandent qu’à ſe promener gravement. Toute la ſuite de M. l’Ambaſſadeur eſtoit auſſi ſur des éléphans ; & cela eſtoit fort beau à voir. M. Conſtance eſtoit ſur le cou du fien, qu’il gouvernoit lui-même : il le faiſoit aller quelquefois fort vîte. Nous avons eſté nous promener dans une grande plaine qu’on a défrichée : la veuë en eſt fort agréable ; de beaux arbres verts, beaucoup de gibier, des perdrix. La montagne n’eſt pas éloignée de plus a une lieuë. Nous avons paſſé