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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/348

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Journal

& quand on fait mourir un homme, on attache ſa tête au col des complices, & on la laiſſe pourir au ſoleil. La peine du Talion eſt auſſi fort en uſage. Le ſupplice ordinaire eſt de condamner à la riviere, qui eſt proprement comme nos forçats de galere.

Le Roi de Siam fait travailler plus qu’aucun de ſes prédéceſſeurs en bâtimens dans ſes palais, à réparer les murs des villes, en maiſons & égliſes pour les étrangers, & en navires qu’il fait conftruire à la maniere d’Europe. Il aime fort les étrangers, & en retient à ſes gages tant qu’il peut ; & depuis que les Miſſionnaires François ſont dans ſon Royaume, il ſe fait voir beaucoup plus ſouvent qu’il ne faiſoit auparavant.

Les Siamois, Pégouans, & Laos font la guerre comme les anges. C’eſt-à-dire qu’ils pouſſent leur ennemi hors de ſa place, ſans pourtant lui faire mal : & s’ils portent des armes, c’eſt pour faire peur en tirant contre terre ou en l’air, ou tout au plus pour ſe défendre dans l’extrême néceſſité ; mais cette néceſſité n’arrive preſque jamais, parce que leur ennemi en uſe de même. Ils détachent quelque régiment de l’armée pendant la nuit, qui va enlever tous les habitans de quelque village dans le païs ennemi, & font marcher hommes, femmes, & enfans ; & puis le Roi leur donne des terres, & des bufles pour les labourer. Néanmoins depuis quelques années, le Roi de