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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/374

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Journal

des maîtres qui leur donnent de temps en temps des robes, ou de ſoie s’ils ont bien appris, ou de toile s’ils font pareſſeux ; & quand les peres & les meres voyent revenir chez eux leurs enfans avec des robes de toile, ils les batent, & les obligent à aller demander l’aumône pendant quelque temps, afin que la honte les faſſe mieux étudier à l’avenir.

Les Cochinchinois n’aiment pas les diamans : ils eſtiment aſſez les perles, mais il eſt défendu d’en vendre. Ils font grand cas du corail & de l’ambre. Le Roi a beaucoup d’or, d’argent, & de caches ; & dans toutes les provinces il a de grands greniers où l’on garde du ris de trente ans & plus.

Les Cochinchinois ne reſpirent que la guerre, & ont peu de religion. Ils ont pourtant des temples, & des idoles, comme à la Chine : mais ils ont fort peu de Talapoins, & fort ignorans ; & ils ne font des ſacrifices que pour boire & manger. Dans chaque maiſon il y a un petit autel ſuſpendu proche du toit, qu’ils appellent le Tlan, qu’ils croyent eſtre le ſiege de l’eſprit qui les conſerve. Chaque village a auſſi une petite cabane, qu’ils appellent Mieu, qui eſt le ſiege de l’eſprit tutelaire du village. Le Roi & toute la cour ne font tous ces actes extérieurs de religion que par grimace.

Ils obſervent trois cérémonies dans leurs mariages. La premiere eſt le Hoï, qui ſont les fian-