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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/422

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Journal

de certains petits oiſeaux Bretons, qui ne s’éloignent gueres ; la mer blanche ; des herbes. Enfin on peut parier que nous verrons demain la France, ce beau païs qu’on trouve toûjours plus beau que les autres quand on a eſté quelque temps ſans le voir.

On vient de ſonder : fonds à quatre-vingts braſſes. Il faut que nous ſoyions encore à plus de vingt lieuës d’Oueſſant. Me voici pourtant à la derniere page du Journal : marque que nous arriverons demain : j’avois pris mes meſures aſſez juſtes.

On a encore fondé : ſoixante-dix braſſes. Nous approchons.

16. Juin.

NOus ne voyons point encore la terre : il faut pourtant arriver aujourd’hui.

Il eſt deux heures aprés midi ; & point de terre, & ſoixante-dix braſſes de fonds. Nos pilotes ne fçavent plus où ils en ſont, & nous ne mangerons point encore aujourd’hui de ſalade. Il y en a qui croyent que nous ſommes emmanchez : vous ne m’entendez pas : c’eſt-à-dire que nous avons enfourné la manche. Ce ne ſeroit pas le chemin de Breſt. Patience : il n’y a pas ſix mois que nous ſommes partis de Siam ; & nous aurions déja envie de gronder, parce que nous ſommes à la porte, & que nous n’entrons pas. Y a-t-il de la juſtice à cela ?