Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/514

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Delà les différentes formes de style, qui furent adaptées aux divers genres de composition, et dont le mélange produisit des formes nouvelles, comme de l’union des couleurs arrangées sur la palette du peintre, sortent de nouvelles couleurs. Cet art fut connu des Latins, et quoiqu’ils ne l’eussent point créé, quoiqu’il s’en fallût bien qu’ils fussent doués de cette sensibilité exquise qui caractérisoit les Grecs, et particulièrement les Athéniens, les richesses qu’ils empruntèrent, ils surent se les rendre propres. Imitateurs hardis et heureux, les Latins méritèrent d’être mis au nombre des modèles.

L’un et l’autre peuple connut et saisit ce point délicat où l’art et la nature se réunissent pour s’embellir réciproquement ; et les exemples qu’ils donnèrent, les leçons qu’ils prescrivirent, devinrent la règle éternelle du vrai et du beau. Mais là finit l’obligation de les imiter. Le mécanisme de l’harmonie et des mouvemens de leur langue est étranger à la nôtre ; l’art de leur élocution est un art perdu pour nous, et qui ne sauroit renaître que chez un peuple où se reproduisoit la même sensibilité, les mêmes moyens de l’exercer, enfin les mêmes rapports entre la forme du Gouvernement, les mœurs et le langage.

Athènes n’eut pour souverain que l’éloquence ; et l’art de gouverner les hommes est aujourd’hui, parmi nous, un art en quelque sorte muet. L’Athénien parloit aux sens, nous nous adressons à l’esprit.