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Cependant, à l’en croire, M. de la Richerie était tout dévoué aux intérêts de la mission catholique. Il protestait que, « si rien ne venait entraver sa bonne volonté, il aiderait de telle sorte à la propagation des idées catholiques qu’avant deux ans Tahiti serait entièrement converti à la vraie foi. »

Il était fort prodigue envers tous les missionnaires mais surtout envers monseigneur Jaussen, évêque d’Axieri, des marques extérieures d’une bienveillance extrême. Il allait fréquemment chez Sa Grandeur dont « la conversation pleine de charmes et savante à la fois était, ajoutait-il, aussi instructive qu’agréable. »

C’est sans doute pour cela qu’il (M. de la Richerie) s’empressa de faire paraître une loi qui déclarait national le culte protestant à Tahiti.

L’article 10 de cette loi était ainsi conçu :

ART. 10. — « Tout indigène, quelle que soit la religion à laquelle il appartient, doit participer aux obligations qui assurent l’exercice du culte national protestant. »

La discussion de cette loi, par l’Assemblée législative, prouva que c’est un travail manuel et personnel qui est exigé par cet article et que jusqu’au jour de la proposition de cette loi, la coutume, établie par tous les Gouverneurs, conformément d’ailleurs aux articles 4 et 5 de l’acte du protectorat, faisait que chaque Indien ne participait qu’aux obligations du culte auquel il appartenait.

L’acte du protectorat était ouvertement violé par l’article 3 de la loi sur le culte protestant national, aussi cela donna-t-il lieu à une protestation de M. le Consul de Sa Majesté Britannique et à une réclamation écrite par vingt et quelques chefs et députés, c’est-à-dire par le tiers des membres de l’Assemblée législative. Devant ces protestations, M. de la Richerie n’osa point passer outre et sanctionner cette loi dont les articles 4 et 5 étaient les suivants :

ART. 4. — Il sera demandé à la Reine et au Commandant Commissaire impérial p. i., deux ministres protestants français.

ART. 5. — L’un de ces deux, ministres résidera à Papeete et le deuxième aux Tuamotu.

Il est bon de savoir que ces articles prirent naissance d’une demande faite par les députés du district de Tautira. C’était, disaient-ils, le vœu de leurs commettants.