Page:Chopard - Quelques personnages officiels à Tahiti, sous le règne de S. M. Napoléon III.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Est-ce que si un missionnaire catholique, sans patente dans une région où l’on n’en connaît point, ou payant patente valable dans les lieux où la loi l’exige, était surpris par la police à vendre des souliers ou des chapeaux ou à faire tout autre acte de commerce, il pourrait être mis en jugement ? Nous ne le pensons pas, et le Code civil est entièrement muet à cet égard.

Pourquoi donc alors tous ces gens qui n’ont jamais connu la religion chrétienne ou qui même n’ont aucune religion s’enflamment-ils si fort pour une chose qui ne les touche en rien ?

Et ne pourrait-on pas leur dire : Messieurs, mêlez-vous donc de vos affaires. Ceci ne vous concerne point. Laissez, à nous autres chrétiens catholiques, le soin de réprimander ceux d’entre nous qui commettent des actes contraires à notre foi. Croyez-le, nous n’avons nul besoin de vous pour nous rappeler les canons de l’Église et l’excommunication lancée contre les prêtres qui font le commerce et qui ne se bornent pas, comme le faisait saint Paul, à vendre les produits de leur industrie ou de leur agriculture ?

Soyez donc sans crainte, nous veillons et nous savons si bien ce que valent tous vos dires qu’à Tahiti, au moment même où s’est élevé le bruit de vos clabaudages, nous y avons répondu en priant nos missionnaires d’établir parmi nous l’aumône de la Propagation de la Foi, et alors, bien que nous soyons pauvres et peu nombreux ici, nos oboles se sont réunies en assez grand nombre pour être une réponse sans réplique à vos calomnies.

En vous écoutant parler on croirait que vous n’avez jamais su que lorsqu’un honnête homme avance un fait, qui peut nuire à la considération d’autrui, il doit se donner la peine de le prouver ?

Pensez-vous vraiment que les missionnaires font le commerce ? Êtes-vous prêts à les en accuser ?

Si c’est oui, la chose est bien simple à faire. Supposez que vous êtes M. de Kératry et dites :

« Le R. P. Laval envoie tous les ans 60 ou 70,000 francs à la congrégation de Picpus à Paris ; » puis si vous êtes un honnête homme ajoutez :

« En voici les preuves : En 1860 le P. Laval envoya cette somme par tel navire et nous joignons ici l’attestation du capitaine de ce navire.

En 1861, il pria M. le comte de la Roncière de porter la