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Claude Paysan

— Est-ce qu’il ne viendra point ? se risqua-t-elle à demander à la fin.

— Peut-être… la vieille ne le savait pas. Il était parti pour son champ depuis le matin… C’était ainsi ; des fois il ne revenait que le soir très tard, d’autre fois elle le voyait arriver tout à coup à propos de rien, au milieu du jour, marchant avec l’air égaré d’un somnambule. Alors il fallait lui parler comme pour le réveiller.

La mère Julienne lui racontait toutes ces choses, en roulant des larmes dans ses yeux, comme si elle les eut dites à une autre elle-même, ne soupçonnant pas un instant qu’elles pussent être ensuite moins secrètes qu’auparavant…

… Julie Legault ?… En avait-elle entendu parler, elle aussi ?… Oui, une excellente enfant qui n’hésiterait pas longtemps à épouser Claude… À qui elle ferait une bonne petite femme, d’ailleurs… Mais il ne l’aime plus… Autrefois oui… avant que… maintenant, il paraît plutôt la fuir… Elle-même s’est mise à l’oublier…

— Il fait bien, après tout, n’est-ce pas ? expliquait Fernande, puisqu’il ne l’aime plus… Elle comprenait bien ça et ce n’était pas elle qui le désapprouverait.

… Non, il ne viendrait pas… Elle venait de l’apercevoir à travailler, là-bas, à l’autre bout de son champ…

Pourtant, comme elle aurait été curieuse de le rencontrer pour voir ce qu’il lui aurait dit. À pré-