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Claude Paysan
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sent, elle ne savait plus trop quand elle reviendrait : ça la fatiguait tant de marcher.

Puis elle s’informa s’il s’ennuyait beaucoup de son ami Jacques : s’il parlait encore parfois de Julie Legault…

— Oui, il en parle quelquefois, en badinant, par exemple, car elle ne le préoccupe guère à présent… Et ceci avait fait sourire Fernande délicieusement, comme si ce dût être très amusant ces badinages de Claude sur le compte de Julie.

Ensuite elle se tut tout à fait…

Par la porte entr’ouverte, elle regardait distraitement sans les voir les linottes et les rossignols qui sautillaient dans les branches des cerisiers ; elle les entendait chanter sans écouter leurs chansons ; autour, plus loin, comme dans une auréole vague qui se dessinait confusément dans sa tête, elle voyait encore, sans déranger la fixité de son regard, les ondulations des avoines et des blés, les troupeaux tranquilles qui broutaient, des garçonnets avec leurs râteaux, de rauques chariots râlant sous leurs charges blondes, et sur un coteau là-bas… Claude avec son grand chapeau de paille…

Et pour lui Fernande leva son regard…

Comme en même temps elle ne répondait pas à la mère Julienne qui lui parlait, celle-ci ne disait plus rien non plus, immobile.

… Décidément, il ne viendrait point… Et comme abrégeant tout à coup sa visite, elle se préparait maintenant à retourner.