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quête, aucun missionnaire n’avait visité ces endroits. Les Acadiens de Tracadièche, ainsi que ceux de toute la Baie des Chaleurs, qui voyaient tous les jours grossir leur nombre, par l’arrivée de leurs frères échappés à la mort ou à la déportation, et qui étaient alors au nombre d’environ 1200, tant à Tracadièche que sur les deux rives de la baie, virent avec une joie extrême l’arrivée au milieu d’eux du bon Père Bonaventure. Il fit sa résidence ordinaire à Bonaventure. Mais devenu vieux et accablé de nombreuses infirmités, il écrivait, le 28 novembre 1766, à l’évêque de Québec :

« Je vous écris par un sauvage nommé François Condo pour vous informer de la situation des missions qu’on m’a confiées tant des Français que des sauvages. Tous ont montré leur zèle pour soutenir la religion et le prouvent encore tous les jours, malgré tous les obstacles qu’ils ont eus à vaincre, et j’espère qu’eux, leurs enfants et tous leurs descendants seront fidèles à en observer tous les préceptes. Je commence à être sur l’âge, très infirme et presque incapable de les desservir comme il conviendrait. J’ai bien encore des raquettes, mais je n’ai plus de jambes pour aller secourir les malades à sept ou huit lieues. »

Le Père Jean Baptiste de la Brosse, le célèbre missionnaire Jésuite du Golfe Saint-Laurent, visita la Baie des Chaleurs en 1771 et 1772 et fit bâtir à Tracadièche la première chapelle, à l’endroit du cimetière actuel. C’était un homme d’une grande énergie et d’une sainteté éminente. C’est un des Jésuites dont le souvenir est resté le plus vivace parmi les populations où il a exercé son apostolat. Dans un rapport de ses missions de 1771, il parle ainsi des Acadiens de Tracadièche :

« J’y ay trouvé icy un peuple docile et zélé pour les instructions ; outre la messe et le catéchisme de tous les matins, ils m’ont encore demandé de leur faire la prière