Page:Chouinard - L'œil du phare, 1923.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
209
FORTUNE LÉGUÉE ET FORTUNE ACQUISE

pères à l’honneur futur de son nom, ses enfants peut-être aimeront mieux, serviront mieux la patrie américaine dans la vie ou dans la mort ; lui n’a pas d’autre chose à offrir, à remettre à cette patrie d’emprunt que son argent.

Et tout son bonheur actuel ne serait pour ainsi dire qu’un bonheur d’emprunt : il regrette de ne pas le devoir exclusivement à son mérite personnel ; il reconnaît l’impérieuse obligation d’en assurer la transmission dans la survivance canadienne et française de sa lignée.

Jean Pèlerin, lui, n’en est pas à ces langoureux soucis. La livrée du travail qu’il avait revêtue à titre de mercenaire est devenue à la fois son armure et sa gloire. L’aisance à son foyer, la haute considération dont il jouit dans la société qui l’entoure, tout lui vient de ce travail et rien d’aucun testament. Il aime donc passionnément cet état de vie qu’il s’est créé. Il lui consacre tous les efforts de son intelligence avec la reconnaissance de son cœur ; généreux travail qui fera de la sueur de son