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L’ŒIL DU PHARE

ce propos ses enfants, c’est parce que la responsabilité paternelle s’accroît, chez lui, du désir honnête de leur transmettre des biens qu’il n’a pas acquis par son travail, avec toute la dignité du nom canadien qu’il doit leur laisser dans leur nationalité semi-canadienne.

En effet, chose étrange peut-être, ce canadien-français, né en pleine démocratie méli-mélo des États-Unis d’Amérique, époux modèle de sa femme irlandaise qui fut tout son amour, entretient le culte du nom familial qu’il léguera à ses enfants, comme s’ils avaient été de race nobiliaire. Il a fait de la langue française celle de son foyer, sans préjudice pourtant de la langue maternelle à titre d’auxiliaire indispensable. Avec la religion et la langue de ses pères, que lui manquerait-il donc pour conserver leur nationalité ? — le sol natal trop récemment déserté ; mais cela ne lui suffit pas pour justifier à ses yeux l’apostasie nationale.

« Qui prend mari prend pays », dit l’adage populaire. Il est plus facile à mada-