Page:Chouinard - L'œil du phare, 1923.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
L’ŒIL DU PHARE

des folâtreries de l’enfance, qui s’évaporent sous l’ardeur du grand jour, mais qui sont à la vie ce que la rosée et les clairs rayons du matin sont à l’élaboration des fleurs et des fruits.

Et quand, une couple d’années plus tard, le vieux précepteur enfin s’apercevra que cette plante sauvage s’est étiolé en serre chaude, ne sera-t-il pas déjà trop tard ? En outre, Jean n’aura-t-il pas déjà revêtu la mentalité de l’homme instruit seul, qui n’a pas suffisamment pratiqué la vie d’ensemble à l’école, au collège surtout, où les caractères, comme sous un frottement inévitable, perdent forcément ce qu’ils auraient naturellement pu offrir de trop anguleux. Il sera intelligent, digne, brillant, soit ! — mais aussi, probablement, entier, personnel dans ses déterminations, seul à comprendre et interpréter la vie comme il aura compris et interprété sa jeunesse.

Au reste, une considération plus certaine, sinon plus terre à terre, devait faire songer à modifier, à quelque temps de là, ce