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PATRIE

Et dans cette ambiance, sous l’effet de causes diverses, tout ce monde éprouve le sentiment d’un bonheur qu’il ne pourrait pas édifier ailleurs.

Toutefois, l’esprit de Jean n’a pas encore absolument capitulé : — plaisirs de vacance, se dit-il, avec l’arrière pensée, bientôt même le secret désir de retourner à la corvée industrielle. Émile, lui, ne s’y trompe pas. Il y a vingt ans qu’il s’observe, et les événements vont bientôt confirmer sa conviction.

Au mois de septembre, jeunes gens et demoiselles ayant réintégré collèges et couvents de Québec, les parents retournaient aux foyers américains. Malgré une généreuse résistance, il fut impossible à ces parents délaissés de ne pas comprendre qu’un charme s’était à jamais rompu pour eux au sein de ces foyers entourés d’activités fébriles. Leur âme dans ses aspirations, leur esprit dans ses spéculations y retrouvèrent malaisément le sens de la vie. A quoi bon, pour cette âme et pour cet esprit, un bien-être qui ne présente que des satisfactions matérielles communes à tant d’au-