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L’ŒIL DU PHARE

fit la consolation de leurs jours d’épreuve les plus sombres et semblait quelque peu compromise en ces derniers temps par les études et les préoccupations secrètes du jeune homme, va-t-elle réapparaître à leur foyer. Ce soir du premier novembre, quand déjà les ombres de la nuit hâtivement descendues des collines estompaient la ligne des grèves et des eaux, quand dans les cœurs le deuil des mauvais jours se ravivait chez les malheureux, l’œil de Jean en face de sa mère assise à l’humble table domestique brillait d’une flambée insolite. Une espérance nouvelle, comme un oiseau du ciel traqué par les ténèbres extérieures, était venue se blottir dans cette âme ingénue aux visions jusqu’alors si peu riantes. Le vin capiteux du premier amour qui engage à parler faisait insidieusement son œuvre. Nous savons bien qu’un rien lui sert de ferment, et nous comprenons comment la parole de son protecteur a pu avoir chez cet adolescent l’effet du coup de foudre.

— « Qu’est-ce que cela veut dire Jean,