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AUX RAYONS D*UN BONHEUR ANTICIPÉ

tu parais bien animé ! C’est-il parce que tu as sonné pour les morts ?

— J’ai eu le temps de me reposer avec monsieur le curé. C’est pour une autre chose qui va bien vous surprendre.

— Quoi donc !

— Je crois que je va devenir amoureux !

— Ah ! mon pauvre enfant ; l’amour souvent c’est comme le poison que le docteur administre à la dernière extrémité. Si on y goûte trop tôt et sans prudence, quelquefois on en souffre longtemps et il arrive aussi qu’on en meurt. Il faut être bien malade et laisser la décision au docteur.

— Et si on en use sans être malade ?

— On devient malade.

— Il faudra alors dire tout cela demain à monsieur le curé qui vient, comme un docteur et comme si j’étais déjà malade, de m’en administrer une première dose.

— Y a-t-il moyen de te comprendre ? Parle donc sérieusement, Jean ! »

Et va, dans cet entretien candide de la mère et du fils, la révélation des grands projets de monsieur le curé. À son tour,