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L’ŒIL DU PHARE

l’œil de la pauvre femme s’anime sur cette vision de l’avenir. L’effluve printanier de son cœur depuis si longtemps blasé se ranime au foyer de la flamme naissante qui va maintenant lui disputer l’amour de son enfant. Mais sans égoïsme elle en jouira dans les conditions toutes spéciales qui s’offrent à la solution d’un souci dont plus d’une fois déjà son rêve avait été hanté. Puisque Jean renonçait aux études conduisant au suprême honneur de la prêtrise, qu’allait-il devenir pour lui-même et pour elle ? Attendrait-il de lui fermer les yeux, pauvre et déclassé, avant de s’établir à demeure au village ou de partir au loin ? Secrètement, dans les cogitations de ses journées et dans les cauchemars de ses nuits, elle a pleuré sur l’inconnu de cette destinée, problème qui fait pleurer tant de mères et plus qu’une autre celle de l’orphelin. Combien de fois n’a-t-elle pas avoué qu’elle ne vivait plus que pour Jean ? Désintéressée personnellement, toute dévouée à l’édification de son avenir, elle fait de cette tâche l’objectif ultime de sa