Page:Chouinard - L'arriviste, 1919.djvu/243

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

penses vaines, lueurs trompeuses autour des précipices ? N’est-ce pas ainsi qu’en a jugé le moine qui descend là-bas sur les bords de la rivière Saint-Charles, et dont la vie a été la contre-partie de celle de l’arriviste, parce que dans tous les bonheurs purement terrestres, il n’a voulu reconnaître que mensonge et vanité ?


La fanfare s’est tue depuis longtemps déjà sur la grande terrasse, les promeneurs sont partis par toutes les rues du quartier Saint-Louis, la basse-ville dort, et Eugène Guignard, isolé de tous et de tout, laisse doucement les larmes lui monter à la prunelle et y obscurcir la vision du ciel étoilé. Il pleure non pas ses désirs inassouvis, ses rêves d’avenir irréalisés ; mais sa jeunesse déroutée peut-être, la moitié de sa vie vaine et incomprise !

Et les milliers de petites clochettes aux grappes des lilas carillonnent de mieux en mieux dans la tiédeur de la nuit, pour