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L’ARRIVISTE

lement la campagne en proie à un semblable malaise. La discussion se faisait plutôt personnelle, et l’on sentait bien, aux raisonnements de ces deux antagonistes, que si « mourir pour la patrie est le sort le plus digne d’envie, » il en est aussi qui préféreraient vivre pour elle. Ce qu’ils veulent lui sacrifier, ce n’est pas tant le sang de leur cœur que l’irrépressible agilité de leur langue. Entendons-nous. — Nous voulons dire leur verbosité patriotique et intéressée dans les comices électoraux ; car, au parlement, ce sont les oreilles de ceux-là, du moins d’un bon nombre d’entre eux, qui s’exercent au service du pays.

En attendant, l’un de ces prétendants revendique son droit à la candidature parce qu’il est « l’enfant du comté » ; parce que son tour, qu’on lui a promis, il n’y a pas longtemps, est venu ; l’autre, parce qu’il peut être plus utile qu’un illettré ; parce que sa profession, ses connaissances, ses relations urbaines lui donnent plus d’emprise sur les personnages en