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CHAP. V. — J. DE CATURCE ET J. DE BOYSSONNE.

légère offense contre la religion, et ce sont des délateurs qui formèrent un complot contre lui pour s’emparer de sa fortune ; gens furent aidés par ceux qui le haïssaient à cause de la haute réputation dont il jouissait et qui étaient eux-mêmes tmp bornés ou trop paresseux pour rivaliser avec lui, et par d’autres encore qu’il avait protégés, mais qui ne prenaient le titre d’ami que pour trahir leur bienfaiteur. »

Peu de temps après l’arrestation de Jean de Caturce, et probablement au dernier jour de mars 1532, Boyssone fut arrête et emprisonné. Les doctrines hérétiques dont on l’accusait étaient au nombre de dix. Elles comprenaient presque toutes les hérésies de Luther. La première était que rien ne doit être reconnu comme article de foi que ce qui est contenu dans les saintes Écritures. La dixième, que nous ne sommes pas justifiés par les bonnes actions, mais seulement par la foi en Jésus-Christ. Il fut jugé et condamné par l’official et les grands-vicaires de l’archevêque de Toulouse, et on l’obligea à faire abjuration de ces dix erreurs, s’il ne voulait pas subir le sort de Caturce.

Jean de Boyssone n’avait pas en lui l’étoffe d’un martyr. C’était un humaniste, un lettré et nullement un théologien ; et, tout en étant fort bien disposé pour les réformateurs, dont il voyait le succès avec plaisir, tant que ce succès n’était pas incompatible avec le progrès de la littérature, il n’était nullement prêt à suivre Caturce au bûcher. Il consentit à abjurer les erreurs dont on l’accusait. On lui fit payer une forte amende, sa maison et ses biens furent confisqués. Mais il ne suffit pas à l’inquisition de lui infliger ce lourd châtiment. L’église ne pouvait se permettre d’épargner à un homme de sa réputation et de son savoir, à un homme qui était l’espoir du progrès littéraire de l’université, aucune des humiliations qu’il était en son pouvoir d’infliger. Son renom de juriste était bien plus grand que celui de Jean de Caturce, et tandis que l’on avait offert à ce dernier son pardon à des conditions faciles à exécuter et qu’on lui avait demandé une simple