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CHAPITRE IX

LYON


C’est un grand cas voir le Mont Pélion,

Ou d’avoir veu les ruines de Troye : Mais qui ne voit pas la ville de Lyon,

Aucun plaisir à ses yeux il n’octroye.
CLEMENT MAROT.


« Il était une antique cité, connue sous le nom de Lugdunum,
Bâtie sur une hauteur : elle fut détruite par l’incendie. Plancus ;
Chef des troupes romaines, la releva au pied même
De la montagne, du côté qui regarde la Gaule.
La Saône aux flots paresseux la traverse ;
D’autre part elle a pour ceinture le Rhône ; et, retardant leur marche,
Les deux rivières se réunissent et forment un vaste courant.
Opulente, mère d’une forte race, riche en beaux monuments,
Elle s’ouvre au commerce de tous, étrangers ou citoyens.»

Telle est la description que Dolet, dans un de ses poèmes, nous donne de la ville qui allait désormais être son refuge, et qui, pendant une grande partie du seizième siècle, peut être considérée à juste titre connue la capitale intellectuelle de la France. Elle rappelait l’Italie non seulement par son climat, mais par ses goûts littéraires et artistiques, et par la liberté intellectuelle dont elle jouissait, comparativement avec le reste de la France. A ne considérer que sa civilisation et son commerce, elle était plus italienne que française. Plus d’un siècle auparavant nous y trouvons les fondations de cette colonie de marchands florentins nobles et instruits, les uns attirés par les circonstances politiques, les autres, par les intérêts commer-