Dolet arriva à Lyon le Ier août 1534[1]; il alla voir aussitôt le savant imprimeur Sébastien Gryphius et lui fit part du message de Boyssone.
Né vers 1491 à Reutlingen en Souabe, où son père Michel Greyff ou Gryff exerçait l’art de l’imprimerie[2], Gryphius s’était sans nul doute établi à Lyon dès 1524 ; car, cette année-là, une édition des commentaires de Nicolas de Tudeschi sur les Décrétales fut publiée par lui[3]. Il en imprima certainement encore une et peut-être plusieurs autres dans les trois années qui suivirent. Mais ce ne fut pas avant 1528 qu’il acquit une certaine importance. Antérieurement les seuls livres qu’il ait édités sont de grands in-folio sur la jurisprudence du moyen âge. Il voulut alors rivaliser avec les Alde en publiant une
- ↑ Il est clair que ce fut le Ier août 1534 que Dolet arriva à Lyon, et non pas le Ier août 1533, comme l’affirme Née de la Rochelle, que Boulmier naturellement ne contrôle pas. Ce ne fut que le Ier août 1533 que le Roi vint à Toulouse et il est fait allusion de cet événement dans la seconde harangue de Dolet, lequel par conséquent a dû prononcer son discours et être emprisonné après cette date. Il fut incarcéré le 25 mars, et comme nous savons qu’il arriva à Lyon le I{{er} août suivant, il faut que ce soit en 1534. De plus, dans la lettre de Jean Bording, datée de Paris (26 janvier) et écrite avant le premier emprisonnement de Dolet, il dit que Béda venait de reprendre possession de sa charge (Orat. duæ, p. 166), et cet événement eut lieu à la fin de 1533. Béda avait été banni le 26 mai 1533, et fut rappelé dans les derniers mois de la même année (Herminjard: Correspondance des Réformateurs, III, p. 53, 162, 272). Les discours ont dû par conséquent être imprimés entre le 13 août 1534, date de la lettre-préface de Chrysogon Hammonius, et le 15 octobre de la même année, jour où Dolet arriva à Paris.
- ↑ Panzer énumère douze livres qui sortirent de ses presses de 1486 à 1496.
- ↑ Suivant Breghot de Lut et Péricaud aîné (Biographie Lyonnaise), il imprima dès 1526 le traité de Romanus Aquila, intitulé : De Nominibus Figurarum, mais je me suis rendu compte que cette édition n’existe pas. Il y a certainement quelques erreurs dans l’article Seb. Gryphius de la Biogr. Lyon. On y dit qu’il imprima un grand nombre des classiques grecs. Je n’ai pas réussi à découvrir plus de quatre livres grecs, dont deux seulement (les fables d’Ésope et les Aphorismes d’Hippocrate) peuvent être considérés comme classiques. Toutefois des traductions latines de presque tous les classiques grecs furent publiées par lui. La Biographie Lyonnaise dit encore qu’il a imprimé » beaucoup d’autres ouvrages» de 1520 à 1528. Je n’en ai pas trouvé plus de trois avant 1528, l’édition dont il est question dans le livre de N. de Tudeschi (Panormitanus) sur les Décrétales (1521) , le Repertorium de Bertachini de Fermo (1525) et une édition des œuvres de Bartholus, mentionnée dans la préface de Panormitanus.