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CHAP. IX. — LYON

série de livres latins, qui ressemblaient aux leurs non seulement comme format et comme caractères, mais comme utilité générale ; il n’aspira certainement pas a lutter avec eux pour les auteurs grecs, et ne publia presque aucune édition originale et critique des auteurs latins ; mais par la grande quantité de livres excellents qui sortirent de presses, classiques latins, traductions latines des classiques grecs, réimpressions des œuvres des meilleurs écrivains modernes ou contemporains, tels qu’Érasme, Politien, Budé, plus qu’aucun autre imprimeur il contribua a la vulgarisation de la littérature et servit la cause du progrès intellectuel. Quelques livres hébreux, grecs, français et italiens, mais surtout des livres latins, furent publiés par ses soins entre 1528 et l’année de sa mort (1556)[1], lesquels se répandirent rapidement dans le midi de la France, dans le nord de l’Italie, et dans les contrées voisines de la Suisse et de l’Allemagne. Il fit paraître aussi plusieurs ouvrages originaux, mais moins nombreux et peut-être quelquefois d’un mérite moins grand que ceux que les Manuce ou les Estienne eurent la bonne fortune de publier. Mais il ne faudrait pas croire qu’il n’imprima pas des ouvrages inédits de la plus grande valeur et surtout des livres que l’inquisition de Rome et la censure de la Sorbonne auraient refusé de sanctionner ou n’auraient pas laissés passer sans exiger qu’ils subissent quelques modifications. Ce fut à lui que le plus pur prosateur latin du siècle, l’excellent et libéral évêque de Carpentras, le cardinal Sadolet, confia l’impression de la plupart de ses ouvrages, lui exprimant même souvent sa reconnaissance dans une dédicace ou dans une épître où il faisait allusion au docte et habile imprimeur avec lequel il était dans les meilleurs termes[2]. Ce fut Gryphius

  1. Je ne crois pas qu’aucun imprimeur du seizième siècle ait publié un nombre égal de livres pendant une période égale. Dans le même laps de temps; Robert Estienne imprima quatre cent soixante-six ouvrages.
  2. En 1533, les presses de Gryphius imprimèrent la première édition des commentaires de Sadolet sur les Romains. - ouvrage qui avait coûté beaucoup de temps et de travail à son auteur, mas qui, pour sa plus grande