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CHAP. XII. — L’ACCUSATION DE PLAGIAT

la publication du Thesaurus de Robert Estienne et des Observations de Nizolius sur Cicéron, lui avaient rapporté que le livre de Dolet n’aurait pas formé un volume plus grand que les Elegantiœ de Laurent Valla, très mince in-folio. Il est bon de dire que Floridus fait encore la une affirmation sans preuves ; il s’en tient absolument, pour défendre son accusation de plagiat et d’ignorance, aux passages cités par Charles Estienne ou par Dolet lui-même dans sa réponse ; et bien qu’il eût certainement vu les Commentaires, puisqu’il cite, pour formuler une attaque générale contre Dolet, un ou deux autres passages du premier volume, il ne les avait pas étudiés. Il délaye avec complaisance les accusations de Charles Estienne, et réussit à prouver assez clairement que Dolet n’avait pas compris le sens propre de remulcus et que, à deux ou trois reprises, il avait emprunté des citations d’auteurs latins à Baïf et à Robert Estienne sans le dire et sans vérifier si ces citations étaient exactes.

Mais Floridus, le premier, formula dans son livre une accusation plus grave que celle de plagiat ou d’ignorance, accusation qu’on avait déjà portée contre Dolet, mais qui n’avait jamais encore été imprimée. L’auteur des Lectiones succissivœ accuse Dolet d’être impie et de ne pas croire à l’immortalité de l’âme ; c’était dire alors de quelqu’un qu’il était athée. Dans la correspondance de Jean de Boyssone, on voit que des bruits de cette nature avaient circulé à Toulouse, et la lettre d’Odonus nous fait savoir qu’à Lyon ces mêmes bruits avaient cours. «Cet individu», dit Franciscus Floridus, «affirme que l’âme est mortelle et que le plus grand bien réside dans les plaisirs charnels. » Mais il ne cite aucun passage d’aucun des livres de Dolet et ne donne pas de preuves de ce qu’il avance.

Plus de trente ans après, une nouvelle accusation de plagiat nous révèle que Dolet avait copié Navagero, c’est Sturm qui nous l’apprend, mais nous ne savons pas sur quelle autorité il s’appuie.