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CHAP. XVII. — LE GRAMMAIRIEN ET LE TRADUCTEUR

vie n’est plus guère qu’une suite d’emprisonnements et de procès.

Quelques exemplaires seulement de la traduction ont dû être mis en circulation et il est probable que le reste fut confisqué et brûlé avec les autres livres de Dolet[1]. Il n’y avait personne pour faire valoir le privilège du roi, et les douze réimpressions qui furent publiées pendant le laps de temps que ce privilège garantissait, enrichirent les imprimeurs de Paris et de Lyon.

La traduction des trois premiers livres des Tusculanes suivit bientôt. Quoique d’un plus grand mérite que les Épîtres Familiaires, elle n’eut pas la popularité de ce dernier ouvrage. Achevées et publiées pendant que l’auteur était en prison à la Rouane à Lyon, attendant l’exécution de sa condamnation à mort, les Tusculanes portent la marque de la façon hâtive et négligente avec laquelle on les imprima. Il est probable que cet ouvrage ne fut jamais mis dans le commerce, mais que toute l’impression, à l’exception de quelques rares exemplaires, fut confisquée et brûlée ; du reste l’épître peu judicieuse (adressée au roi) que Dolet mit en tête du volume en guise de préface n’eût pas manqué de vouer son ouvrage ce malheureux sort. Pendant trois siècles la première édition du livre disparut, et l’on se fonda simplement sur les éditions de Ruelle (1544) et de Sabon (1549) pour supposer qu’elle existât. Il y a quelques années, on découvrit, à Dôle, un exemplaire de l’édition originale ; feu M. Baudrier était l’heureux possesseur d’un autre exemplaire de cette même édition[2].

L’épître au roi, qui jusqu’ici n’a jamais été mentionnée par aucun écrivain, est pour nous la partie la plus intéressante du

  1. Un exemplaire brûlé dans les marges existe à la bibliothèque de Lyon.
  2. J’ai découvert cinq réimpressions au moins des Tusculanes de Dolet, toutes publiées avant 1550. Chacune de ces éditions ne contient que les trois premiers livres, ce qui montre clairement, je crois, que Dolet n’avait imprimé que cette partie de l'ouvrage.