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ÉTIENNE DOLET

livre ; ce document jette une vive lumière sur les causes des malheurs de Dolet et sur son procès[1]. La traduction elle-même fut faite con amore. Toute creuse et peu scientifique que paraisse la philosophie de Cicéron, elle était acceptée par Dolet, non seulement comme vraie, mais aussi comme une théorie rationnelle et adéquate de la vie et de la mort ; et les consolations qu’il ne pouvait trouver dans le christianisme, il les trouvait dans les Tusculanes. Le principe qui domine dans tout l’ouvrage, à savoir que l’homme possède en lui les moyens de s’assurer le bonheur, était bien fait pour Dolet, et encore que nous puissions taxer de déplacée et d’outrée l’enthousiaste admiration accordée aux Tusculanes — par Érasme aussi bien que par des hommes qui lui étaient inférieurs, — nous pouvons fort bien comprendre la popularité dont elles jouissaient à bon droit. L’épître au roi est suivie du huictain que voici :

Iectez ici l’œil
Touts passionnés,
Et serez de dueil
Tost abandonnés ;
Les biens ordonnés
Par philosophie
Icy sont donnés
A cil qui s’y fie.

Outre les traductions de ces deux ouvrages de Cicéron et des traités d’Axiochus et d’Hipparchus (dont il sera parlé plus tard), on a attribué à Dolet une grande quantité d’autres traductions — pour quelques-unes on a peut-être raison, mais pour d’autres on se trompe, il les imprima, ou les édita simplement. Il ne lui suffisait pas d’être imprimeur, pour la plupart des livres qui sortirent de ses presses il fit fonctions

  1. Voyez plus haut (p. 325) et plus bas chapitre XXI passim.