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CHAP. XXIV. — LA PLACE MAUBERT

Flamma tamen eum puriorem non effecit : ipse flammam potius effecit impuriorem[1]

Il est agréable de savoir qu’il y eut quelques hommes de lettres qui déplorèrent la mort de Dolet et ne craignirent pas d’exprimer leur sympathie à son égard et le chagrin que leur causait sa perte. Théodore de Bèze, encore jeune et ardent, Théodore de Bèze dont le cœur n’était pas encore aussi dur que celui de son grand maître, et pour lequel l’humanité et les muses n’avaient pas perdu tout leur charme, composa et ne craignit pas d’imprimer une ode où il fait l’apothéose de l’érudit et du poète[2]:

Ardentem medio rogo Doletum
Cernens Aonidum chorus sororum,
Chorus ille diu chorus Doleto,
Totus ingemuit ; nec ulla prorsus
E sororibus est reperta cunctis,
Naïas nulla, Dryasve, Nereïsve,
Quæ non vel lacrymis suis, vel hausta
Fontis Pegasei studeret unda,
Crudeles adeo domare flammas,
Et jam totus erat sepultus ignis,
Jam largo madidus Doletus imbre,
Exemptus poterat neci videri,
Quum cœlo intonuit severus alto
Divorum Pater, et velut perægre
Hoc tantum studium ferens sororum
At cessate, ait, et novum colonum
Ne diutius invidete cœlo ;
Cœlum sic meus Hercules petivit.

  1. P. 3o5. Ce passage est traduit plus haut, p. 206.
  2. Cette ode, imprimée par Théod. de Bèze dans la première édition de ses Juvenilia, Paris, 1546, p. 5l, et réimprimée dans l’édition (sans indication de lieu ni de date) qui porte une tête de mort, fut retranchée par l’auteur dans les éditions qu'il donna en l569 et en 1576, alors qu’il était tout à fait sous la domination spirituelle de Calvin. Cette ode figure évidemment dans la belle édition qu’a publiée mon ami M. Liseux, avec une traduction française de M. Machard.