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CHAP. IV. — TOULOUSE

concitoyens, même les plus fanatiques, à cause de son grand cœur et de ses nombreuses vertus, il était respecté comme étant un de ceux qui, sortis de leurs rangs, s’étaient distingués dans l’état ; aussi avait-il le pouvoir de protéger les hommes soupçonnés d’hérésie et, jusqu’à un certain point, de modérer la bigoterie haineuse des Toulousains.

Lorsque Dolet arriva à Toulouse en 1532, l’évêque de Rieux avait soixante-deux ans. L’âge l’avait laissé jeune de cœur et encore plein d’enthousiasme ; et, de plus, étant l’ami de tout ce qui était bon parmi les autorités de la province, il était l’idole de tous les jeunes étudiants qui, portés vers la science nouvelle, aspiraient à devenir plutôt humanistes que théologiens ; l’excellent évéque avait plaisir à avoir avec eux ces rapports de cordialité et d’amitié qui rendent la société des gens âgés, lorsqu’ils sont distingués et savants, si agréable à la jeunesse, et qui sont si bien faits pour conserver aux vieillards toute la fraîcheur de leurs premières années. Rien ne donne une aussi haute opinion de la bienveillance de Jean de Pins que son intimité avec Boyssone, Voulté, Bording et Dolet. Ce fut à Jacques Bording que Dolet fût redevable d’être présenté à l’évêque de Rieux. Sa répu-

    tom. Bibl. Gesner.) a fait de Jean de Pins deux personnes en distinguant : Joannes Pinus, Évéque de Rieux, de Jo. Pinus, Senator Tolosanus, et attribuant au premier la vie de sainte Catherine et la brochure intitulée : De Vita Aulica, et au second la vie de saint Roch et l’ouvrage qui a pour titre : Allobrogica Narratio ; et De Bure (Bibl. Instr. Hist., tome I, p. 442), allant encore plus loin, attribue ces deux dernières œuvres à Bartholomœus Pinus. Voyez, pour la vie de Jean de Pins, la Biographie Toulousaine (Paris, 1825), vol. II. p. l83, et les Mémoires Historiques pour servir à l’éloge historique de Jean de Pins, avec un recueil de plusieurs de ses lettres (Avignon, Toulouse), 1748. L’auteur de ce livre peu substantiel mais extrêmement rare est le père Étienne Léonard Charron. Il n’y est guère question que de la vie publique de Jean de Pins, et les lettres sont simplement des dépêches officielles écrites ; lorsqu’il était ambassadeur. La bibliothèque de la ville de Toulouse possède un exemplaire interfolié de ces mémoires ; il est plein de notes dues à la plume du dernier représentant de la famille, le marquis de Pins et de Montbrun, qui paraît avoir eu l’intention d’en publier une nouvelle édition. Plusieurs notes viennent des archives de Montbrun, mais elles ne présentent qu’un médiocre intérêt. Voyez aussi Analectabiblion, 1. 243.