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DOURDAN, DE PHILIPPE-AUGUSTE A PHILIPPE LE BEL.

nement qu’à se louer de la bienveillance royale, et, suivant toutes les présomptions, c’est à notre illustre fondateur que s’appliquent ces mots par lesquels commençait le martyrologe ou liste des bienfaiteurs de la paroisse Saint-Germain : « Nous prierons pour le roi Philippe. » C’est à lui que de Lescornay attribue la donation faite à la fabrique du droit de mesurage dans la ville et faubourgs, qui vaut ordinairement, ajoute-t-il, six cents livres par an, sans qu’aucun sache qui l’a donné, ni d’où il est venu, à cause de la perte des registres et titres de l’église[1].

Et maintenant, nous demandera-t-on, quel est ce nouveau château ? C’est celui que nous voyons subsister encore aujourd’hui, au moins dans son plan général, avec son enceinte intacte, ses fossés, ses tours et son donjon. Notre intention n’est pas de le décrire ici, nous réservons à cette description un chapitre spécial. Nous dirons seulement qu’au lieu et presque certainement sur l’emplacement du vieux château romain et mérovingien où était mort Hugues et où Louis VII avait vécu, Philippe-Auguste, cet admirable constructeur de forteresses, fit élever, tout d’une pièce, un édifice imposant et régulier, pourvu de tous les systèmes de défense alors en usage, fossés profonds, courtine élevée flanquée de huit tours, donjon isolé avec tous les engins de siége, moyens d’existence, puits, souterrains de retraite, etc., corps d’habitation les uns destinés aux plaisirs du maître, les autres au logement de la garnison. Situé au milieu de la ville, entouré des maisons de la place, bien que séparé d’elles par des boulevards et des barrières, le château était le centre de Dourdan. Le seigneur avait sous les yeux, presque sous la main, l’église, la halle, c’est-à-dire la vie morale et la vie matérielle de la cité, et le puissant donjon renouvelé pour des siècles affirmait et au besoin était prêt à soutenir les droits politiques et féodaux du royal suzerain de la contrée.

S’il est dans une ville ou un monument un beau souvenir à recueillir, une trace précieuse à vénérer, c’est la mémoire, c’est le passage du pieux et grand monarque devant lequel l’histoire s’incline et l’Église s’agenouille, saint Louis, le roi modèle, le patron des rois très-chrétiens. Un nom est étroitement lié au sien dans les respects de la postérité, celui de son illustre mère, la reine Blanche de Castille. Dourdan a eu l’honneur et l’heureuse fortune d’être le domaine et parfois le séjour de ces deux hôtes vénérés. Son vieux château leur a ouvert ses portes, et le voyageur n’y foule pas sans émotion un sol qu’ils ont touché et des degrés qu’ils ont franchis.

En 1240, par une charte datée de Paris, Louis IX fait savoir qu’en échange des biens qu’il a distraits pour l’apanage de son frère Robert d’Artois, il a assigné à sa très-chère dame et mère l’illustre reine Blanche, pour être possédées par elle, avec toutes leurs appartenances, les villes de Meulan, Pontoise, Étampes, Dourdan avec sa forêt, Corbeil

  1. De Lescornay, p. 48.