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PROMENADE DANS LES DEUX CANTONS DE DOURDAN.

Bretencourt que nous avons vu de Lescornay se retirer, en bon royaliste, pendant le siége soutenu à Dourdan contre Henri IV, en 1591.

On montre encore à Bretencourt la place des fourches patibulaires, le vieux puits du château avec un chemin souterrain, la place de l’ancienne chapelle Sainte-Madeleine, devenue le rendez-vous d’une fête, et celle de la chapelle Saint-Jacques, près de laquelle se voient de magnifiques caves. Dans un terrain proche du château, le sol d’un ancien cimetière est facile à reconnaître. Au milieu d’une terre noirâtre, on rencontre des débris et parfois de petites lampes ou godets en terre rouge terminés en pointe.

A Saint-Martin, les souvenirs de l’ancien prieuré sont encore vivants[1]. Près de l’église, dont on remarque la belle tour carrée et quelques sculptures intérieures, une maison porte encore le nom de prieuré. Chapelle communiquant avec l’église, portail, vieilles murailles, caveaux, fontaines, font aujourd’hui partie d’une demeure particulière et sont enclavés dans des jardins. Les célestins d’Éclimont avaient une ferme non loin de là.

Au-dessus de Saint-Martin, les terres de la ferme de La Brosse s’étendent sur le plateau, et Ardenay et Haudebout rappellent d’anciens fiefs pour lesquels rendaient aveu les châtelains de Bretencourt.

En suivant la vallée que dominent les pentes abruptes de Brandelle et où courent à la fois le chemin de fer et la rivière, on rencontre le Moulin de Ville et des prés tourbeux où le sol manque souvent sous les pas. Une sorte de chaussée indique même sur la gauche le lit d’un ancien étang[2]. La fraîcheur et la verdure du fond de la vallée font ressortir les versants arides couverts de bruyères et les pentes sablonneuses de la forêt. Leur crête semble fermer le vallon, qui tourne presque à angle droit.

À cette seconde porte de la vallée de l’Orge, un très-vieux et très-intéressant village, dont nous avons eu souvent l’occasion d’entretenir nos lecteurs, Sainte-Mesme, commande et occupe le passage. Il est formé d’une longue rue, et à l’endroit où la route fait un coude brusque à la sortie du village, le château, dominé par l’église, s’appuie au coteau de la forêt et fait face à la prairie.

Nous avons mentionné, en parlant des origines de Dourdan[3], l’existence parfaitement prouvée d’une grande villa gallo-romaine dans cette prairie, près du moulin de Corpeaux. Nous avons raconté la légende du roi Dordanus et celle de sainte Mesme ou Maxima, sa fille, secrètement chrétienne, décapitée par son frère Maximin et donnant son nom au vil-

  1. Voir au sujet de ce prieuré les Archives de Seine-et-Oise.
  2. Il paraît, par d’anciens aveux, qu’il y avait autour de Sainte-Mesme six étangs déjà convertis en prés au xviie siècle.
  3. Page 6-10.