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APPENDICE II.

lage. Nous n’avons pas dissimulé toutes les obscurités de ce récit au point de vue historique et toutes ses incertitudes au point de vue ecclésiastique, de l’aveu des hagiographes les plus accrédités[1]. Nous devons constater toutefois la persistance de la tradition. Deux fontaines en vénération existent encore à Sainte-Mesme ; l’une occupe le centre d’un petit terrain qui s’ouvre au milieu du village. Elle est recouverte d’un toit en charpente très-ancien et de forme curieuse, portant un groupe fort naïf du martyre de la sainte. L’autre est dans le bois, à l’endroit où Maximin fit, dit-on, pénitence, et naguère encore elle était entourée d’une foule de petites croix que les pèlerins devaient fabriquer de leurs mains pour être guéris de la fièvre.

Quant aux reliques de sainte Mesme, elles ne paraissent pas avoir été déposées dans l’église avant le xvie siècle. C’est seulement en 1539, suivant les Bollandistes, qu’une pieuse veuve (nobilis vidua) du nom d’Anne, sans doute Anne Lucas, veuve de messire Claude de Poisieux et dame de Sainte-Mesme, demande à Dieu la grâce de ne point mourir avant d’avoir contemplé de ses yeux les reliques de sainte Maxime. Cette consolation lui est procurée miraculeusement, et des reliques sont apportées de Rome[2].

L’église de Sainte-Mesme, située un peu au-dessus du village, est encore entourée des tombes de son cimetière, ce qui devient rare dans la contrée. Elle est intéressante à étudier ; mais ce que nous signalerons principalement, c’est la chapelle des seigneurs de Sainte-Mesme, où se voient des armoiries et des pierres tombales, dont l’une surtout, redressée et enchâssée contre le mur, a une véritable valeur artistique.

La seigneurie de Sainte-Mesme, relevant du roi à cause de sa grosse tour de Dourdan, et dépendant du bailliage dudit lieu, a été considérable et touche de trop près à Dourdan pour que nous n’entrions point dans quelques détails à son sujet.

Vers 1470, vivait à Sainte-Mesme, dans un beau manoir fortifié, un grand ami du roi Louis XI, Aymard ou Esmard de Poisieu ou Poisieux, surnommé Capdorat, colonel de quatre mille francs-archers. Il était baron de Marolle et seigneur de Sainte-Mesme. En 1473, il étendit singulièrement son domaine, en achetant de Guillaume Aymery la seigneurie de Rouillon avec ses fiefs de Liphard, Cens-Boursier, etc., bientôt accrus, en 1477, par noble dame Marguerite de Montorsier, dame de Sainte-Mesme, du fief de Semont, avec tous les arrière-fiefs de Grillon, Grousteau, Jorias, etc., qui mettaient dans la censive de Sainte-Mesme presque tout le territoire depuis Bonchamp jusqu’à Roinville, c’est-à-dire la plus grande partie de la vallée, des environs et de la ville même de Dourdan.

  1. Voir les sources citées.
  2. Il parait que l’office que l’on chantait autrefois dans l’église de Sainte-Mesme est venu de Dreux, où il y a une chapelle dédiée à sainte Mesme dans l’église paroissiale.