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DOURDAN SOUS LES COMTES D’ÉVREUX.

les vendeurs quittent tous les droits seigneuriaux et autres qu’ils peuvent avoir et s’en désaisissent en la main d’Arnoul le Boucher, prévôt de Dourdan, consentant que Symon de Landes, « chastellain de Dourdan pour ce temps, » en fût saisi au nom de monsieur le comte[1].

Le mardi « devant la Nativité N. S. » 1333, Jehan de Bris, bourgeois de Dourdan, vend à Mgr d’Étampes, moyennant 24 livres parisis, deux pièces de terre arable « au terrouer de Dourdan, champtier de Gaudrée, » l’une de 4 septiers ½, tenant au chemin d’Étampes, devant à la Saint-Rémi 3 souls parisis aux dames de Lonchamp ; l’autre de 3 mines, tenue des héritiers de Arnoul Mautaillé, à 3 deniers de cens[2].

Plein de bienveillance pour le prieur de Saint-Germain et ses chanoines, Charles d’Évreux fit expédier à leur profit, peu de temps avant sa mort, des lettres d’amortissement qui ont été conservées dans le trésor de Saint-Chéron (1335)[3], et désireux de leur laisser après lui un pieux souvenir, il leur assigna, dans son testament, une rente de dix sols tournois, à la charge d’un anniversaire. Nous avons encore les lettres patentes par lesquelles sa sœur, la reine Jeanne, son exécutrice testamentaire, donne suite à cette disposition[4].

Au comte Charles, mort sur un champ de bataille, succéda (1336) Louis son fils, deuxième du nom, comte d’Évreux, seigneur de Lunel, plus souvent nommé Louis d’Étampes. Élevé sous les yeux de son beau-père, le duc d’Alençon, auquel, jeune encore, s’était remariée Marie d’Espagne, Louis, l’enfant de Dourdan, fut un vaillant et généreux prince dont la France eut plus d’une fois raison d’être fière. Partout on le retrouve au premier rang de ces preux et nobles chevaliers qui, sous les yeux de Philippe de Valois, leur souverain, s’efforcèrent de résister aux Anglais, dont les puissantes armées menaçaient d’envahir tout le royaume. En convoquant l’arrière-ban de ses guerriers. Louis n’oublia pas d’appeler à ses côtés ses hommes d’armes de la vallée de Dourdan et les jeunes compagnons de son enfance. Maint habitant de cette contrée, marchant à la suite de son suzerain, partagea les périls, les succès et les revers qui signalèrent tour à tour le règne du premier des Valois. Le pays, appauvri, ne refusa jamais ses deniers ni son sang ; et dans cette grande misère de la France, Dourdan, à demi ruiné, vit longtemps ses fils décimés et ses terres laissées sans culture. Sous le règne suivant, le comte Louis figure au nombre des seigneurs que le roi Jean arma chevaliers à Reims, pour rendre plus magnifique la cérémonie de son sacre. Puis, quand arriva le jour funeste de la bataille de Poitiers (19 sept. 1356), l’histoire nous le montre encore présent à ce combat. Fait prisonnier avec le roi Jean, il eut part aux honneurs que le

  1. J. 166, 17.
  2. J. 166, 18.
  3. De Lescornay, p. 85.
  4. Idem, p. 86.