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HOMÉLIE V.


LE MYSTÈRE QUI AVAIT ÉTÉ CACHÉ A TOUS LES SIÈCLES ET A TOUS LES ÂGES, A ÉTÉ DÉCOUVERT MAINTENANT À SES SAINTS. – AUXQUELS DIEU A VOULU FAIRE CONNAÎTRE QUELLES SONT, DANS LES GENTILS, LES RICHESSES DE LA GLOIRE DE CE MYSTÈRE QUI N’EST AUTRE CHOSE QUE JÉSUS-CHRIST REÇU DE VOUS ET DEVENU L’ESPÉRANCE DE VOTRE GLOIRE. – C’EST LUI QUE NOUS ANNONÇONS, REPRENANT TOUT HOMME ET INSTRUISANT TOUT HOMME EN TOUTE SAGESSE, POUR RENDRE TOUT HOMME PARFAIT EN JÉSUS-CHRIST. (CHAP. 1,26-28 JUSQU’AU VERSET 6 DU CHAP. II)

Analyse.


  • 1. Degrés innombrables que les gentils ont dû franchir pour arriver à la connaissance du Christ.
  • 2. Trésors de la science du Christ ; ce que saint Paul demande à ses auditeurs, c’est une foi pleine et entière jointe à l’intelligence et à la charité.
  • 3. Quand il s’agit de croire aux mystères, la raison nous égare et la foi nous soutient.
  • 4. Contre ceux qui ne croient pas à la résurrection. Les mystères de la nouvelle loi ont dans l’ancienne loi et dans la nature des précédents qui nous préparent à y croire.


1. Après avoir dit les bienfaits que nous avons obtenus, comme autant de preuves de la bonté et de la grandeur de Dieu, il entre dans un autre développement et s’applique à faire voir que personne, avant nous, n’a connu Dieu. C’est ce qu’il fait dans l’épître aux Éphésiens, lorsqu’il dit : Ni les anges, ni les principautés, ni aucune autre vertu créée ne l’a connu ; il n’a été connu que du Fils de Dieu. (Eph. 3,5) C’est pourquoi il ne dit pas : Mystère inconnu, mais : Mystère caché. Quoiqu’il ait été découvert maintenant, ce mystère est ancien. Dieu voulait que les choses fussent ainsi dès le commencement ; pourquoi cela ? Saint Paul ne le dit pas encore. – « À tous les siècles », dit-il, « dès le commencement ». Et c’est avec raison qu’il donne le nom de mystère à ce que Dieu seul connaissait. Et ce mystère, où était-il caché ? En Jésus-Christ ; c’est ce que dit saint Paul dans son épître aux Éphésiens. (Eph. 3,9) C’est ce que dit le Prophète : « Vous existez depuis le commencement des siècles jusqu’à la fin des siècles ». (Ps. 89,2) – « Ce mystère a été découvert maintenant à ses saints ». Ce bienfait est donc tout entier une grâce de la Providence. « Il a été manifesté maintenant ». Il ne dit pas : S’est opéré ; mais : « A été manifesté à ses saints ». Il reste donc encore caché, puisqu’il n’a été découvert qu’à ses saints. Ne vous laissez donc pas tromper sur les motifs de Dieu qui sont inconnus. « Le mystère a été découvert à ceux à qui il a voulu le découvrir ». Voyez comme il sait toujours mettre un frein à leur curiosité. « À ceux à qui Dieu a voulu faire connaître, etc. » Dieu a eu ses raisons pour agir ainsi. Et, en parlant comme il parle, l’apôtre a voulu que les hommes reconnaissent l’empire de la grâce, au lieu de se glorifier de leurs vertus.
Que signifie cette expression : « Les richesses de la gloire de ce mystère chez les gentils ? » C’est une expression pleine de beauté et d’énergie. C’est un sentiment sublime ; ce sont de grandes images qui renchérissent les unes sur les autres. C’est employer, en effet, une grande image que de dire sans rien préciser : « Les richesses de la gloire de ce mystère chez les gentils ». Car c’est chez les gentils surtout qu’éclate la grandeur de ce mystère, et c’est ce que saint Paul dit ailleurs : « Quant aux gentils, ils doivent glorifier Dieu de sa miséricorde ». (Rom. 15,9) Oui, la gloire de ce mystère éclate chez les autres ; mais elle éclate surtout chez les gentils. Que des hommes, plus insensibles que des pierres, aient été tout à coup élevés au rang des anges par de simples paroles, par la seule opération de la foi, voilà où est la gloire, où est la splendeur du mystère ! C’est comme si, d’un chien famélique et galeux, hideux et difforme, gisant sur le sol sans pouvoir faire un seul mouvement, on faisait tout à coup un homme, pour faire asseoir cet homme sur un siège royal. Voyez, en effet : ils adoraient les pierres et la terre ; ils ont appris que l’homme vaut mieux que le ciel et le soleil, et que le monde entier doit être son esclave. Ils étaient captifs, dans