Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/144

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Christ frappé anéantit bientôt sa mort : le cadavre détruisit la mort qui semblait immortelle, et cela à la face de l’univers. Et ce qu’il y a d’admirable, c’est que Dieu ne confia cette mission à personne et qu’il l’accomplit lui-même. Un autre acte fut donc passé, qui ne ressemblait en rien au premier.

4. Prenez donc garde d’être convaincus par votre propre témoignage, puisque nous avons dit dans ce billet que nous renoncions à Satan et que nous nous attachions à Jésus-Christ. Mais que dis-je ? Ce n’est pas là un billet ; c’est plutôt un traité et un pacte. Car ce n’est pas là une convention qui contient une peine ; il n’y est pas dit : Si telle chose arrive, si telle clause n’est pas remplie. Moïse a parlé comme le Christ en arrosant le peuple du sang sacré, et Dieu, dans cette circonstance aussi, promettait à son peuple la vie éternelle ; aux deux époques il y a pacte. Sous l’ancienne loi, il y a pacte entre le serviteur et le maître ; sous la nouvelle loi, il y a pacte entre deux amis. « Le jour où vous mangerez de ce fruit », dit Dieu à l’homme, « vous mourrez ». (Gen. 2, 17) Voilà la menace ! Mais aujourd’hui rien de tel. Là, comme ici, l’homme est nu ; là, après le péché et à cause du péché ; ici, pour être délivré du péché. L’homme des premiers jours est dépouillé de la gloire qu’il avait possédée ; l’homme d’aujourd’hui dépouille le vieil homme, avant de s’élever au-dessus de l’humanité, et il dépouille le vieil homme comme on se dépouille d’un vêtement. Il est frotté comme l’athlète prêt à entrer dans la lice. Il reçoit cette onction dès qu’il est né, et non peu à peu, comme le vieil athlète ; et non pas seulement sur la tête, comme les anciens pontifes. Autrefois, on vous frottait d’huile la tête, l’oreille droite et la main, pour vous exciter à bien écouter et à bien faire. Mais le nouvel athlète, on lui frotte toutes les parties du corps. Car il ne vient pas seulement s’instruire ; il vient combattre et s’exercer à la lutte. Il devient un autre homme. Car en confessant la vie éternelle, il confesse sa métamorphose.

Dieu a pris autrefois un peu d’argile et il a fait l’homme. Aujourd’hui ce n’est plus avec l’argile, c’est avec l’Esprit-Saint que Dieu fait l’homme : oui, c’est l’Esprit-Saint qui crée et façonne l’homme, comme il à créé et façonné le Christ, dans le sein de la Vierge. Il n’est plus question du paradis terrestre ; il est question du ciel. Et, en effet, parce que vous foulez la terre, n’allez pas croire que vous apparteniez à la terre. Vous avez été transporté au ciel. C’est là, c’est au milieu des anges que s’accomplit le mystère. Dieu prend là-haut votre âme entre ses mains, c’est là-haut qu’il la pétrit et qu’il la façonne, et vous êtes là devant son trône royal. Cette âme façonnée et régénérée par l’eau, reçoit le souffle de Dieu qui est en harmonie avec elle. Le nouvel homme, une fois formé, n’est pas livré aux bêtes, mais il est mis en présence des démons et du prince des démons. Alors Dieu dit à l’homme : « Foulez aux pieds les serpents et les scorpions ». Il ne dit plus : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance ». (Gen. 1, 26) Mais que fait-il ? Il donne à l’homme la qualité d’enfant de Dieu, d’un de ces enfants qui ne sont pas nés du sang, mais de Dieu même. N’écoutez donc plus le serpent ; car tout d’abord on vous apprend à dire : « Je renonce à toi », c’est-à-dire, quels que soient tes discours, je ne t’écouterai pas. Puis, de crainte qu’il n’emploie des instruments pour vous perdre, on ajoute : « Et à tes pompes, et à ton culte et à tes anges ». Dieu ne met plus l’homme au paradis terrestre, pour qu’il fasse du paradis terrestre sa demeure ; il lui donne pour domicile le ciel. Car, dès que l’homme s’est élevé jusqu’à ce séjour, il dit aussitôt : « Notre Père, qui êtes aux cieux, que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». (Mat. 6, 9, 10)

L’enfant ne s’agenouille point pour être sacrifié ; il n’y a là ni bûcher ni source. Mais c’est le Seigneur lui-même que vous possédez tout d’abord ; c’est à lui que vous vous unissez, à lui dont vous recevez le baptême, et le Seigneur est placé trop haut, pour que le démon puisse approcher de vous. Il n’y a pas là de femme que le démon puisse tromper, en profitant de sa faiblesse. « Il n’y a là », dit saint Paul, « ni homme ni femme ». (Gal. 3, 28) Si vous ne vous abaissez pas à descendre jusqu’au démon, il ne pourra monter jusqu’à vous ; car vous êtes au ciel, et le ciel n’est pas ouvert au démon. Il n’y a pas là d’arbre, dont le fruit ait la propriété de faire discerner le bien et le mal ; il n’y a que l’arbre de vie. La femme n’est plus tirée d’une côte de l’homme ; nous sommes tous tirés de la côte du Christ. Les hommes qui se frottent avec le suc de certaines plantes n’ont rien à craindre des serpents, et vous non plus vous n’aurez rien à craindre,