Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/172

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Paul, c’est qu’il a partagé ses épreuves. Il groupe ici tous les motifs qui peuvent l’accréditer auprès des Colossiens. « Et je vous l’ai envoyé, afin qu’il apprenne l’état où vous êtes vous-mêmes (8) ». Il leur donne par là une preuve de sa vive affection pour eux ; cette preuve, c’est le motif même du voyage de Tychique. C’est ainsi qu’il écrivait aux Thessaloniciens : « Ne pouvant y tenir plus longtemps, j’ai voulu rester seul à Athènes, et je vous ai envoyé mon frère Timothée ». (1Thes. 3,1, 2) Il l’envoie aussi, pour la même cause, chez les Éphésiens : « Pour qu’il s’informe de ce qui vous concerne et qu’il vous console ». (Eph. 6,22) Voyez ce qu’il leur dit : Je ne tiens pas à vous faire connaître ma situation, mais je veux connaître la vôtre c’est ainsi qu’il abdique toujours sa personnalité. Il fait allusion aussi à leurs épreuves en ces termes : « Afin qu’il vous console ». – « J’envoie aussi Onésime, mon cher et fidèle frère, qui est de votre pays. Vous saurez par eux tout ce qui se passe ici (9) ». C’est ce même Onésime, à propos duquel il écrivait à Philémon : « J’avais voulu le garder auprès de moi, afin qu’il me rendît quelque service, en votre place, dans les chaînes que je porte pour l’Évangile ; mais je n’ai voulu rien faire sans votre avis ». (Phm. 1,13) Puis vient un mot flatteur pour leur cité : « Il est de votre pays. Vous saurez par eux tout ce qui se passe ici. Aristarque, qui est prisonnier avec moi, vous salue (10) ».
2. Il fait là le plus bel éloge de cet Aristarque, qui avait été amené avec lui de Jérusalem. Le langage de Paul surpasse celui des prophètes. Les prophètes s’appellent des hôtes, des étrangers, des voyageurs ; Paul s’honore du nom de captif. Car c’était comme captif qu’il était promené çà et là et qu’il se voyait exposé à tous les outrages ; il était même plus maltraité que les prophètes. Les prophètes une fois pris par les ennemis recevaient du moins les soins que l’on donne à des esclaves que l’on regarde comme sa propriété ; mais lui, tout le monde le traitait en ennemi, on le frappait à coups de fouets et à coups de verges ; on l’accablait d’insultes, on le calomniait. C’était là une consolation pour ses auditeurs ; car lorsque le maître est persécuté comme eux, c’est un sujet, de consolation pour les disciples. – « Aussi bien que Marc cousin de Barnabé ». Cette parenté est, pour Marc une recommandation ; car c’était un grand homme que Barnabé. « Au sujet duquel on vous a écrit : s’il vient chez vous, recevez-le bien ». Ils l’auraient certainement bien reçu, sans cette recommandation. Mais Paul veut dire qu’il faut l’accueillir avec un zèle empressé, comme on accueille un homme supérieur. Qui avait écrit ? il ne le dit pas. – « Jésus aussi, appelé le juste, vous salue ». Ce Jésus était peut-être de Corinthe. Puis il enveloppe dans un commun éloge tous ces hommes dont il a déjà fait l’éloge en particulier. « Ils sont du nombre des fidèles circoncis. Ce sont les seuls qui travaillent maintenant avec moi, pour avancer le royaume de Dieu, et qui ont été ma consolation ». Il a, tout à l’heure, parlé d’un « compagnon de captivité ». Mais, pour ne pas abattre ses auditeurs, voyez comme il relève leur courage, en disant : « Ils travaillent avec moi pour le royaume de Dieu » ; c’est-à-dire, ils ont partagé mes épreuves, ils partagent mon œuvre glorieuse. « Ils ont été ma consolation ». Ils sont bien grands, puisqu’ils ont été les consolateurs de saint Paul. Mais remarquons la prudence de Paul : « Conduisez-vous avec sagesse envers ceux qui sont au-dehors, en rachetant le temps » ; c’est-à-dire, le temps d’aujourd’hui, c’est leur temps à eux ; le vôtre n’est pas encore venu : ne vous arrogez donc pas la souveraineté et l’autorité ; mais rachetez le temps. Il n’a pas dit : « Achetez », mais « rachetez le temps ».
Soyez dans ces dispositions, et, par là, faites en sorte que ce temps soit aussi le vôtre. Ce serait, en effet, de notre part le comble de la démence d’imaginer des prétextes de guerres et de discordes. Outre les périls inutiles et sans profit que nous aurions à braver, nous aurions le malheur d’éloigner de nous les gentils. Au milieu de nos frères, nous marchons avec assurance ; il n’en est pas de même, quand nous nous trouvons avec les gentils. Voilà pourquoi Paul écrivait à Timothée : « Il faut que ceux du dehors portent aussi sur vous un bon témoignage ». (1Tim. 3,7) Et il dit encore : « Il ne m’importe pas de juger ceux qui sont au-dehors ». (1Cor. 5,12) « Conduisez-vous », dit-il, « avec sagesse envers ceux qui sont au-dehors ». Les gentils, en effet, tout en habitant le même monde que nous, sont en dehors de l’Église ; ils sont en dehors du royaume et de la maison de notre Père. Il console en même temps ses auditeurs, en