Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/227

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croyance, qu’il n’est rien d’impossible à Dieu, rien pour lui de difficile.

Donc, instruits de ces vérités, mettons un frein à nos pensées, ne franchissons pas nos limites, les bornes imposées à notre connaissance ; car, dit l’apôtre, « si quelqu’un se flatte de savoir quelque chose, il ne sait encore rien comme il faut le savoir ». (1Cor. 8,2) Je ne parle pas de Dieu, dit-il, mais de quelque chose que ce soit. Car, que voulez-vous savoir de la terre ? qu’en connaissez-vous, répondez-moi ? Sa mesure ? sa grandeur ? sa position ? sa substance ? le lieu qu’elle occupe ? où elle se tient ? sur quoi elle s’appuie ? sur tout cela vous serez toujours muet. Qu’elle est froide, sèche et noire, à la bonne heure ; mais en dire plus, impossible. Mais de la mer ? même embarras pour vous, difficultés inexplicables ; attendu que vous ne savez, ni où elle commence, ni où elle s’arrête ; sur quoi elle s’appuie ; qui en porte le fondement ; quel est son lieu ; si, après la mer, il y a un continent, ou de l’eau et de l’air ; et maintenant, des choses qu’elle renferme que savez-vous ? Et de l’air ? Et des éléments ? Jamais vous n’en pourrez rien dire ; je laisse ces sujets. Voulez-vous, parmi les plantes, prendre ce qu’il y a de moins considérable, ce gazon qui ne porte pas de fruit, que nous connaissons tous ; expliquez-m’en la naissance. N’a-t-il pas pour substance de l’eau, de la terre, du fumier ? D’où lui vient sa beauté, son admirable couleur ? et d’où vient que cette beauté se flétrit ? Ni la terre, ni l’eau n’ont produit cet ouvrage. Ne voyez-vous pas que partout c’est de la foi qu’il nous faut ? D’où vient que la terre produit ? D’où vient que la terre enfante ? répondez-moi. Impossible à vous ; apprenez, ô homme, par les choses d’en bas, par tout ce qu’elles contiennent, à ne pas scruter inutilement, curieusement le ciel.

Et si encore vous ne scrutiez que le ciel, et non le Dieu du ciel ? Vous ne connaissez pas, répondez-moi, la terre dont vous êtes né, où vous prenez votre nourriture, où vous habitez, que vous foulez aux pieds, sans laquelle vous ne pouvez même pas respirer ; et, sur des choses si éloignées de vous, vous exercez votre curiosité ? Vraiment l’homme n’est que vanité. Et si l’on vous ordonnait de descendre au fond de l’abîme, de rechercher ce qu’il y a au fond de la mer, vous ne supporteriez pas un pareil ordre ; et quand personne ne vous y force, de vous-même, vous voulez embrasser l’abîme qu’il est impossible de sonder ? Cessez, je vous en conjure ; naviguons à la surface, ne nous mettons pas à nager dans les raisonnements ; la fatigue nous prendrait bien vite ; nous serions engloutis dans les ondes ; servons-nous des divines Écritures comme d’un navire ; déployons les voiles de la foi. Si nous montons sur ce navire-là, nous aurons pour pilote, la parole de Dieu : si au contraire nous nous jetons à la nage au milieu des raisonnements humains, plus d’espoir. Car, pour ceux qui voguent ainsi, où est le pilote ? Double danger, absence de navire, absence de pilote. Si la barque est en péril quand il n’y a pas de pilote, du moment qu’il n’y a ni pilote ni barque, quelle peut être l’espérance du salut ? Ne nous jetons pas dans un péril manifeste ; assurons notre marche en nous suspendant à l’ancre sacrée ; c’est ainsi que nous naviguerons jusqu’au port tranquille, avec une riche cargaison, et dans une pleine sécurité, et nous obtiendrons les biens réservés à ceux qui chérissent Dieu, dans le Christ Notre-Seigneur, auquel appartient, ainsi qu’au Père, etc.

HOMÉLIE VIII.


AINSI NOUS VOUS DÉCLARONS, COMME L’AYANT APPRIS DU SEIGNEUR, QUE NOUS, QUI SOMMES VIVANTS, ET QUI SOMMES RÉSERVÉS POUR SON AVÈNEMENT, NOUS NE PRÉVIENDRONS POINT CEUX QUI SONT DANS LE SOMMEIL DE LA MORT ; CAR AUSSITÔT QUE LE SIGNAL AURA ÉTÉ DONNÉ PAR LA VOIX DE L’ARCHANGE, ET PAR LE SON DE LA TROMPETTE DE DIEU, LE SEIGNEUR LUI-MÊME DESCENDRA DU CIEL, ET CEUX QUI SERONT MORTS EN JÉSUS-CHRIST, RESSUSCITERONT D’ABORD ; PUIS, NOUS AUTRES, QUI SOMMES VIVANTS, ET QUI AURONS ÉTÉ RÉSERVÉS JUSQU’ALORS, NOUS SERONS EMPORTÉS AVEC EUX DANS LES NUÉES, POUR ALLER AU-DEVANT DU SEIGNEUR AU MILIEU DE L’AIR ; ET AINSI NOUS SERONS POUR JAMAIS AVEC LE SEIGNEUR. (CH. IV. 14, 15, 16, 17)