Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/254

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jusqu’au Christ dans leurs mensonges. En montrant qu’il n’y a plus désormais ni rémunération, ni jugement, ni châtiment, ni supplice pour les coupables, ils voulaient rendre les oppresseurs plus audacieux, et enlever à leurs victimes toute énergie. Et ce qu’il y a de plus grave, c’est que, parmi ces imposteurs, les uns envoyaient des paroles qu’ils prétendaient sorties de la bouche de Paul ; les autres allaient jusqu’à fabriquer des lettres qu’il était censé avoir écrites.
Voilà pourquoi l’apôtre, pour s’opposer à ces hommes, disait : « Que vous ne vous laissiez pas ébranler ni par quelques prophéties, ni par quelques discours, ni par quelques lettres qu’on supposerait venir de nous ». – « Ni par quelques prophéties ». (2Thes. 2,2) Il indique par là les faux prophètes ; mais comment s’y reconnaître, dira-t-on ? par le signe qu’il donne. Aussi ajoute-t-il : « Je vous salue de ma propre main, moi Paul ; c’est là mon seing, dans toutes mes lettres j’écris ainsi. La grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous ». (Id. 3,17,18) Il ne dit pas que ce qu’il écrit soit son signe, car il est vraisemblable que d’autres aussi l’avaient imité, mais il dit : Je vous écris ma salutation de ma propre main. C’est ce qui se passe aujourd’hui encore parmi nous. La suscription des lettres montre qui les écrit. Maintenant il les avertit des maux dont ils sont infectés ; il les loue, pour le présent, et il tire de l’avenir les exhortations qu’il leur envoie. Il les avertit, en leur parlant du supplice, de la distribution des biens qui leur sont préparés ; il insiste sur ce point où il répand la lumière ; sans indiquer l’époque précise, il montre le signe qui fera reconnaître les derniers temps, à savoir, l’antéchrist. Pour procurer la certitude à l’âme faible, il ne suffit pas de lui parler simplement, il faut lui donner des signes et des preuves. Le Christ se montre plein de sollicitude à cet égard ; assis sur la montagne, il met un soin extrême à révéler à ses disciples tout ce qui concerne la consommation des temps. Pourquoi ? pour ne pas laisser le champ libre à ceux qui introduisent les antéchrists et les pseudo-christs. Lui-même donne beaucoup de signes ; il en donne un surtout et c’est le plus grand : Quand l’Évangile aura été prêché dans toutes les nations. Il donne encore un second signe pour qu’on ne se trompe pas sur son avènement : « Il viendra », dit-il, « comme l’éclair » ; il ne se cachera pas dans un coin ; on le verra partout resplendissant. Il n’a besoin de personne pour l’annoncer, tant sa splendeur éclate ; l’éclair aussi n’a pas besoin qu’on l’annonce. Jésus-Christ dit encore quelque part, en parlant de l’antéchrist : « Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne m’avez pas reçu ; si un autre vient en son propre nom, vous le recevrez ». (Jn. 5,43)
Il donne aussi comme des signes de son arrivée, les calamités survenant coup sur coup, des malheurs inexprimables. Autre signe encore : la venue d’Élie. Or, à cette époque, les habitants de Thessalonique étaient dans le doute, et leur doute nous a été utile à nous-mêmes, car les paroles de l’apôtre ne devaient pas servir seulement aux hommes de Thessalonique, mais à nous-mêmes, pour nous délivrer de fables puériles et d’extravagances de vieilles femmes. N’avez-vous pas entendu souvent, dans votre enfance, certaines conversations sans fin, sur l’antéchrist et sur la génuflexion?. Ce sont des impostures que le démon fait entrer dans nos âmes encore tendres, de telle sorte que cette croyance se fortifie en nous, quand nous grandissons, et trompe nos esprits. Paul, parlant de l’antéchrist, n’aurait pas négligé ces fables, s’il y eût eu du profit pour nous à nous en parler. Ne cherchons donc pas de pareils signes, car il ne viendra pas ainsi, fléchissant les genoux. Mais, « s’élevant au-dessus de tout ce qui est appelé Dieu, ou adoré, jusqu’à s’asseoir dans le temple de Dieu, voulant lui-même passer pour Dieu ». (2Thes. 2,4) Car, de même que c’est l’arrogance qui a causé la chute du démon, de même celui que le démon fait mouvoir, est rempli d’arrogance.
2. Aussi, je vous en prie, appliquons-nous tous à repousser ce vice loin de nous, afin de ne pas subir le même jugement, de ne pas encourir la même peine, de ne pas partager le même supplice. « Que ce ne soit point un néophyte », dit-il, « de peur qu’enflé d’orgueil il ne tombe dans la même condamnation que le démon ». (1Tim. 3,6) Ainsi, celui qui est enflé d’orgueil, sera puni de la même manière que le démon. « Car le commencement de l’orgueil, c’est de méconnaître le Seigneur ». (Sir. 1,14) Le commencement du péché c’est l’orgueil. C’est là le premier élan, le premier mouvement vers le mal ; peut-être en est-ce et la racine et la