Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/308

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de prier pour tous ; voilà ce que Dieu accueille, voilà ce qu’il veut, lui « qui veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à reconnaître la vérité ».
2. Imitez Dieu puisqu’il veut que tous soient sauvés, vous devez apparemment prier pour tous ; s’il a souhaité que tous le fussent, souhaitez-le aussi. Et s’il en est ainsi, priez, car c’est pour de tels objets qu’il faut prier. Voyez-vous comment l’apôtre a de toutes parts fait pénétrer dans nos âmes le devoir de prier même pour les païens ? Il nous montre l’avantage immense que nous en retirons, en disant « Afin que nous menions une vie paisible « et tranquille » ; il nous montre aussi ce motif bien supérieur, que cela plaît à Dieu et que nous devenons ainsi semblables à lui, en ayant le même vouloir que lui. Cela devrait suffire pour faire honte même à une bête féroce. Ne craignez donc pas de prier pour les païens, Dieu lui-même le veut ; craignez seulement de maudire, car c’est là ce qu’il ne veut pas. Et s’il faut prier pour les païens, il est clair qu’il faut aussi prier pour les hérétiques, car nous devons le faire pour tous les hommes, et non les persécuter. Oui, il est beau de prier pour eux : n’ont-ils pas avec nous une même nature ? Dieu loue et agrée l’amour et la tendresse que nous avons les uns pour les autres. Mais, dira-t-on, si le Seigneur a cette volonté, qu’a-t-il besoin de nos prières ? Il est fort utile aux païens et aux hérétiques que nous les fassions ; elles les entraînent à nous aimer et vous empêchent vous-mêmes de vous aigrir tout cela est propre à les attirer à la foi. Car beaucoup d’hommes se sont éloignés de Dieu par animosité contre les hommes. C’est là le salut dont parle l’apôtre, quand il dit : « Notre Sauveur qui veut que tous les hommes soient sauvés » : c’est là le salut véritable ; tout autre est peu de chose et n’a que le nom et le titre de salut. – « Et arrivent à reconnaître la vérité ». La vérité, c’est la foi en lui. L’apôtre, en effet, a d’abord averti Timothée d’exhorter les hommes à ne point enseigner de nouvelles doctrines. Et pour qu’il ne trouve pas en eux des ennemis, pour qu’il n’engage pas de luttes contre eux, que lui dit-il encore ? Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à reconnaître la vérité. Il ajoute : « Il n’y a qu’un seul Dieu, et qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes (5) ». Il a dit : « Arrivent à te connaître la vérité », montrant ainsi que terre n’en est point en possession ; puis : « il n’y a qu’un seul Dieu », et non plusieurs comme le croient les gentils. Pour montre que Dieu veut que tous soient sauvés, il ajout qu’il a envoyé son Fils comme médiateur. El quoi, le Fils n’est-il pas Dieu ? Oui, certes Pourquoi donc l’apôtre dit-il : Un seul ? Par opposition aux idoles et non au Fils, car il parle à la fois ici de la vérité et de l’erreur. Mais le médiateur doit participer à ceux don il est le médiateur ; l’essence de la médiation est de tenir et de participer à tous deux ; s’il tient à l’un et est séparé de l’autre, il n’est pas médiateur. Si donc il ne participe pas à la nature du Père, il n’est point médiateur, mais séparé. Car de même qu’il participe à la nature humaine, parce qu’il est venu parmi les hommes, il participe à celle de Dieu, parce qu’il est venu de Dieu. Puisqu’il est le médiateur de deux natures, il ne peut en être isolé. Comme un lieu intermédiaire entre deux autres les a tous deux pour voisins, de même en doit-il être pour celui qui est le lien entre deux natures. S’il s’est fait homme, il n’en était pas moins Dieu. Simplement homme, il n’aurait pu être médiateur, car il fallait qu’il traitât avec Dieu même ; simplement Dieu, il ne l’aurait pu encore, car ceux pour qui il se faisait médiateur ne l’auraient pas reçu.
Car de même que dans un autre endroit l’apôtre dit : « Il n’y a qu’un Dieu le Père… et un Seigneur Jésus-Christ » (1Cor. 8,6), ainsi en ce passage même, il dit un Dieu et un médiateur. Il ne met pas « deux », car il parlait ici du polythéisme et ne voulait pas que personne abusât du mot « deux » pour supposer deux dieux ; il a dit « un » et puis encore il dit « un ». Voyez-vous quelle précision de langage on trouve dans l’Écriture ! Un et un sont deux, mais nous ne prononcerons pas ce mot, bien que le raisonnement nous y invite. Ici vous ne dites pas : Un et un, deux. Vous dites ce que le raisonnement ne vous suggère pas. S’il est né, il a souffert. « Il n’y a », dit-il, « qu’un seul Dieu et qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes, c’est Jésus-Christ, qui est homme, qui s’est donné comme rançon pour tous ». (1Tim. 2,5-6) Eh quoi ? pour les païens aussi ? Il est le Christ et il est mort pour eux, et vous, vous ne consentez pas à prier pour eux ! Comment donc, me dira-t-on, n’ont-ils pas cru ? Parce qu’ils ne l’ont pas voulu, mais, ce