Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/307

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  • 2. il n’y a qu’un Dieu et qu’un médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ.
  • 3. Exhortation à l’aumône. – Néant des richesses.


1. Si l’apôtre veut que les guerres des nations, les combats et les troubles s’apaisent, et s’il exhorte, pour ce motif, le prêtre à faire des prières pour les rois et les princes, à bien plus forte raison les simples fidèles doivent le faire. En effet, il y a trois sortes de guerres qui sont cruellement douloureuses : la première, quand nos soldats sont combattus par les Barbares ; la seconde, quand, pendant la paix, nous combattons les uns contre les autres ; la troisième enfin, quand chacun combat contre lui-même ; et celle-ci est la plus douloureuse de toutes. Celle des Barbares ne saurait nous nuire beaucoup. Que vous feraient-ils ? Ils égorgent, ils tuent ; mais ils ne nuisent point à l’âme. La seconde même, si nous le voulons, ne nous fera point de mal. Quand d’autres nous attaqueraient, nous pouvons demeurer en paix, car écoutez ce que dit le Prophète : « Au lieu de m’aimer, ils me calomniaient, mais moi je priais » (Ps. 108,4) ; et encore : « Avec ceux qui haïssaient la paix, j’étais pacifique » (Ps. 119,7) ; et : « Ils m’attaquaient gratuitement ». Mais pour la troisième, on ne peut échapper au péril. Car lorsque le corps est en lutte contre l’âme, lorsqu’il éveille de fâcheuses passions, arme les voluptés, suscite l’entraînement de la colère ou de l’envie, il est impossible, si cette guerre n’est réprimée, d’obtenir les biens promis ; mais nécessairement celui qui laisse durer ce trouble, tombe, reçoit des blessures, et cette guerre enfante la mort de l’enfer. Il nous faut donc chaque jour vivre dans la sollicitude et la vigilance, afin que cette guerre ne naisse point en nous, ou, si elle naît, qu’elle ne persiste point, mais soit apaisée et assoupie. Car quel avantage auriez-vous, si, la terre jouissant d’une paix profonde, vous étiez en guerre contre vous-même ? C’est la paix avec nous-même qu’il est nécessaire d’avoir ; si nous la possédons, rien du dehors ne pourra nous nuire.
Mais la paix du pays y contribue notablement ; c’est pourquoi le texte dit : « Afin que nous menions une vie paisible et tranquille ». Mais celui qui est troublé pendant la paix est bien malheureux. Voyez-vous que l’apôtre parle de cette sorte de paix, de la troisième ? C’est pour cela qu’en disant : « Afin que nous menions une vie paisible et tranquille », il ne s’arrête pas là, mais ajoute : « En toute piété et retenue ». Or, on ne peut vivre dans la piété et la retenue sans jouir de cette paix. Car lorsque des raisonnements inquiets troublent notre foi, quelle paix pouvons-nous avoir ? Lorsque nous sommes agités par le souffle du libertinage, quelle paix pouvons-nous avoir ? Il veut donc prévenir la pensée qu’il parle d’une paix terrestre, quand il dit : « Afin que nous menions une vie paisible et tranquille » ; car, en ce sens, une vie paisible et tranquille peut être menée par les gentils, les gens déréglés, ceux qui se livrent à la mollesse et aux plaisirs. Sachez donc qu’il ne parle point de celle-là, mais de celle que l’on trouve dans la piété et la retenue. Car cette autre vie est pleine d’embûches et de combats, l’âme étant chaque jour atteinte par le trouble des raisonnements ; ce n’est donc point d’elle qu’il parle, mais de celle qui réside en toute piété.
« En toute piété », dit-il, pour que l’on ne pense pas qu’il s’agit seulement de la croyance, mais aussi de la conduite ; car c’est là qu’il faut chercher la piété. Que gagnent ceux qui, pieux quant à leur foi, sont impies dans leur conduite ? Et pour ne pas douter qu’il y ait aussi là de l’impiété, écoutez ce bienheureux dire autre part : « Ils avouent connaître Dieu, et ils le nient par leurs actes » (Tit. 1,16) ; et aussi : « Il a nié sa foi et est pire qu’un infidèle » (1Tim. 5,8) ; ailleurs : « Si quelqu’un est nommé frère et est impudique, ou avare, ou idolâtre » (1Cor. 5,11), celui-là n’honore pas Dieu. L’Écriture dit aussi que « Celui qui hait son frère ne connaît pas Dieu ». (1Jn. 2,9) Vous voyez combien il y a de sortes d’impiété. C’est pourquoi l’apôtre dit : « En toute piété et retenue ». Car ce n’est pas l’impudique seul qui manque de retenue ; mais l’homme cupide, l’homme sans frein méritent le même reproche ; il y a là une passion non moindre que la volupté. Celui donc qui ne la réprime pas est un homme sans frein, car on appelle ainsi celui qui ne refrène pas ses passions. Je donnerai donc ce nom à l’homme colère, à l’envieux, à l’avare, au perfide, à tous ceux qui vivent dans le péché ; tous sont sans retenue ni modération. « Car voilà ce qui est beau et digne aux yeux de Dieu notre Sauveur ». Et qu’est-ce ? C’est