Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/326

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Ce n’est pas comme impure en elle-même qu’il nous défend la mollesse, mais parce qu’elle énerve l’âme par l’intempérance. « En « effet, toute créature de Dieu est bonne, et « Ton ne doit rejeter rien de ce qu’on reçoit « avec actions de grâces ». Ce que Dieu a créé est bon. « Et tout était très-bon ». (Gen. 1,31) En disant : Créature de Dieu, il a fait entendre tous les aliments, et d’avance il repousse l’hérésie de ceux qui prêchent une matière éternelle et disent que les aliments en proviennent. Mais, si les créatures sont bonnes, pourquoi ajoute-t-il : Sanctifié par la parole et par l’oraison ? Car ce qui est sanctifié devait être impur. Ce n’est point cela, mais il parle ici contre ceux qui croient que certains objets sont immondes par eux-mêmes. Il établit donc deux principes, l’un que nulle créature n’est immonde, l’autre que si elle l’était vous avez un remède à y apporter. Faites le signe de la croix, rendez grâces, glorifiez Dieu, et toute impureté s’évanouit. Mais, dira-t-on, pouvons-nous purifier ainsi même ce qui est immolé aux idoles ? Oui, si vous ignorez que ce soit immolé aux idoles ; si vous le savez et que vous en usiez, vous serez impur, non parce que l’objet a été immolé, mais parce que, ayant reçu la défense d’avoir rien de commun avec les démons, vous l’avez ainsi violée. Ce n’est pas l’objet qui est impur par sa nature, mais il l’est devenu par suite de votre libre arbitre et de votre désobéissance. La chair de porc n’est-elle donc pas impure ? Non, si on la prend avec actions de grâces, après avoir fait le signe de la croix, et nul autre aliment non plus : c’est la volonté qui est impure, lorsqu’elle ne rend pas grâces à Dieu.
« En présentant cette doctrine à vos frères, vous serez un bon serviteur de Jésus-Christ, nourri des paroles de la foi et de la bonne doctrine que vous avez suivie (6) ». Que veut dire l’apôtre ? Ce qu’il à exprimé en disant que c’est un grand mystère, et que s’abstenir de ces aliments est l’œuvre des démons, parce qu’ils sont purifiés par la parole de Dieu et l’oraison. « Nourri des paroles de la foi et de la bonne doctrine que vous avez suivie. Éloignez-vous des fables profanes et dignes de et vieilles femmes ; exercez-vous à la piété (6, 7) ». « En présentant cette doctrine » : vous voyez que nulle part ici il n’est question de puissante impérieuse, mais de condescendance. « En présentant », dit-il. Il n’a pas dit : En ordonnant, en prescrivant, mais : En présentant. – Présentez-la comme si vous donniez un avis ; provoquez des entretiens sur la foi. « Nourri », dit-il encore, montrant ainsi la perpétuité du zèle pour la bonne doctrine.
2. Car de même que nous demandons notre pain quotidien, de même nous recevons sans cesse des paroles de foi, qui sont pour nous une nourriture perpétuelle. « Nourri », c’est-à-dire, les digérant, les retournant sans cesse, les méditant toujours ; car ce n’est pas une nourriture vulgaire. « Éloignez-vous des tables profanes et dignes de vieilles femmes ». Quelles sont ces fables ? Les observances judaïques. Il les appelle fables ; elles le sont assurément, soit comme ajoutées à la parole de Dieu, soit comme n’étant plus de saison. Ce qui vient en son temps est utile ; hors delà ce n’est plus seulement inutile, mais nuisible. Imaginez un homme de plus de vingt ans venant téter sa nourrice, combien ne se rendrait-il pas ridicule ? Vous voyez donc dans quel sens l’apôtre dit que ces enseignements sont coupables et dignes de vieilles femmes, parce qu’ils sont d’un autre temps et forment obstacle à la foi. Ramener sous la loi de crainte une âme qui s’est élevée plus haut, c’est un précepte coupable. « Exercez-vous à la piété », c’est-à-dire, à une foi pure, à une vie droite, car c’est en cela que consiste la piété. Nous avons donc besoin de nous y exercer. « L’exercice corporel », continue l’apôtre, « n’a qu’une mince utilité (8) ». Quelques-uns pensent qu’il parle ici du jeûne, mais loin de nous cette pensée ; ce n’est pas là un exercice corporel, mais spirituel. S’il était corporel il nourrirait le corps, s’il le dessèche et l’amaigrit, il n’est pas corporel. Ce n’est donc point des mortifications du corps que parle ici l’apôtre ; nous avons besoin d’exercer notre âme. L’exercice corporel ne produit pas d’avantage réel, mais seulement quelque utilité pour le corps ; celui de la piété rend du fruit pour l’avenir, et nous le – recueillons en ce monde et dans le ciel.
« Cette parole est fidèle (9) », c’est-à-dire vraie, pour ce monde et pour l’autre[1]. Considérez comment Paul ramène partout cette pensée ; il n’a pas besoin de prouver, mais seulement d’affirmer, parce que c’est à Timothée

  1. On lit à la fin du verset précédent : La piété est utile à tout, elle contient la promesse de la vie présente et de la vie future.