Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/343

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maison ». Qu’arrivera-t-il en effet, si une femme n’a plus à s’occuper de son mari, et que la pensée de Dieu ne la remplisse pas ? Elle deviendra naturellement oisive, bavarde et curieuse. Car celui qui ne se préoccupe pas de ce qui le regarde, se préoccupe sans cesse des affaires d’autrui ; de même que celui qui songe à ce qui le concerne n’aura ni souci ni curiosité de ce qui regarde les autres. « Disant ce qu’elles ne devraient pas dire ». Rien n’est si inconvenant pour une femme que ces recherches d’une vaine curiosité, et non seulement pour une femme, mais pour un homme, car c’est une grande preuve d’effronterie et d’impudence. « Je veux donc », puisqu’elles le veulent, je le veux aussi moi, « que les jeunes veuves se marient, aient des enfants, gouvernent leur maison » et s’y tiennent, car cela vaut beaucoup mieux que de se conduire ainsi. Il fallait se préoccuper du service de Dieu et lui garder fidélité ; mais, puisqu’il n’en est point ainsi, mieux vaut se marier, car Dieu n’est pas renoncé et elles ne contractent pas ces défauts. Une telle viduité ne produit rien de bon, et au contraire, en pareil cas, le mariage a d’heureux effets ; il pourra détourner leurs esprits de la langueur et de la paresse. Et pourquoi, voyant la chute de plusieurs, n’a-t-il pas dit qu’elles devaient être l’objet de grands soins pour ne pas tomber dans un tel malheur, mais leur recommande-t-il le mariage ? Parce que le mariage n’est pas défendu. « Qu’elles ne donnent point à l’ennemi une occasion de diffamation », ni de prise aucune ; « car déjà quelques-unes ont été détournées de leur voie, à la suite de Satan ». Il s’oppose donc à une viduité pareille, ne voulant pas de veuves trop jeunes qui se rendent coupables d’adultère, ne voulant pas d’oisives, qui disent ce qu’elles devraient taire, de curieuses, qui donnent occasion au démon ; si pareille chose n’avait pas eu lieu, il n’aurait pas mis cette opposition.
« Mais, si quelque fidèle a près de lui des veuves, qu’il pourvoie à leurs besoins, et que l’Église n’en ait pas le fardeau, afin qu’elle suffise à celles qui sont vraiment veuves (16) ». Il appelle de nouveau vraiment veuves, celles qui vivent dans la solitude et qui n’ont de consolation nulle part. Le conseil que donne ici l’apôtre est excellent, il produisait deux grands résultats : Les uns trouvaient une occasion de faire le bien en nourrissant ces veuves, – et l’Église n’était pas surchargée. Il ajoute fort à propos : « Si quelque fidèle » ; car les veuves fidèles ne devaient pas être nourries par les infidèles, il ne convenait pas qu’elles eussent besoin d’unetelle assistance. Et voyez comment il est peu exigeant. Il ne parle point d’un secours dispendieux, mais dit seulement : « Qu’il pourvoie à leurs besoins, afin que l’Église… suffise à celles qui sont vraiment veuves ». Le bienfaiteur aura double récompense ; car en assistant l’une, il aide aussi les autres, en permettant à l’Église de les secourir plus largement. « Je veux que les jeunes veuves » – Et quoi ? vivent dans la mollesse ? dans les délices ? Nullement ; mais « se marient, aient des enfants, gouvernent « leur maison ». Et la gouvernent, comment ? Afin que l’on ne pense pas qu’il les engage à une vie molle, il ajoute : « Et ne donnent point à l’ennemi une occasion de diffamation ». Elles devaient être au-dessus des pensées mondaines ; puisqu’elles sont descendues plus bas, qu’elles sachent au moins s’y maintenir.
2. « Que les prêtres qui administrent bien soient jugés dignes d’un double honneur, surtout ceux qui se fatiguent ans la parole et l’enseignement. Car l’Écriture dit : Vous ne lierez point la bouche du bœuf qui travaille dans l’aire, et : Le travailleur mérite de recevoir son salaire (18) ». Par l’honneur il entend les soins et l’attention à fournir les objets nécessaires à la vie, comme on le voit par les textes qu’il cite. Lorsqu’il dit : « Honorez les veuves », il parle de même de pourvoir à leur subsistance ; car il dit aussi : « Afin que l’Église puisse suffire à celles qui sont vraiment veuves », et : « Honorez celles qui sont vraiment veuves », c’est-à-dire qui sont dans la pauvreté, car elles sont d’autant plus veuves. Il cite des paroles de la loi et des paroles du Christ, paroles qui concordent entre elles. Car la loi dit : « Vous ne lierez point la bouche du bœuf qui travaille dans l’aire ». (Deut. 25,4) Vous voyez dans quelles conditions il veut que travaille celui qui enseigne. Il n’est point de travail semblable à celui-là, il n’en est point. Voilà le témoignage de la loi ; et celui du Christ, le voici : « Le travailleur mérite de recevoir son salaire ». (Lc. 10,7) Ne nous attachons pas pour cela seulement au salaire, et le Christ le fait entendre puisqu’il dit : « Celui qui travaille mérite de trouver sa nourriture ». (Mt. 10,10) En sorte que s’il vit dans la mollesse