Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/344

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et le relâchement, il n’est pas digne. Si le bœuf ne travaille pas dans l’aire, s’il ne traîne pas un joug pesant, sous une chaleur étouffante et à travers les épines, s’il ne persévère pas jusqu’à la fin de sa tâche, il n’a pas gagné les aliments qu’on lui laisse prendre. Mais il faut certes que ceux qui enseignent se voient fournir en abondance les objets nécessaires à la vie, afin qu’ils ne succombent pas à la fatigue, et de peur qu’ayant à s’occuper de petites choses, ils ne se détournent des grandes ; ils se donneront ainsi aux œuvres spirituelles, sans songer aux besoins de la vie.
Tels étaient les lévites : ils ne pensaient pas aux moyens de vivre ; c’était aux laïques à y pourvoir envers eux, et la loi prescrivait de payer la dîme du revenu, les offrandes sur les objets en or, les prémices, les vœux et plusieurs autres objets. Ces avantages étaient justement garantis par la loi à des hommes qui cherchaient les avantages de la vie présente ; mais je ne demande pour ceux qui gouvernent les églises rien de plus que la nourriture et le vêtement, afin qu’ils ne soient pas entraînés à y donner leurs pensées. Et qu’est-ce qu’un double honneur ? Double de celui des veuves, ou des diacres, ou simplement un grand honneur. Ne nous arrêtons pas à ce mot de double honneur, mais à ce que l’apôtre y a joint : Ceux qui administrent bien. Et quels sont-ils ? Écoutons la parole du Christ : « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis ». (Jn. 10,11) Ainsi bien administrer, c’est ne rien épargner pour prendre soin de son troupeau. Principalement ceux qui travaillent dans la prédication et l’enseignement. – Où sont ici ceux qui disent qu’il n’est pas besoin de parole et d’enseignement ? Quand l’apôtre donne de tels avis à Timothée – « Méditez ces choses, attachez-vous-y ». Et ailleurs : « Appliquez-vous à la lecture, à l’exhortation, car, en le faisant, vous vous sauverez vous et ceux qui vous écoutent ». (1Tim. 4,15) Voilà ceux que l’apôtre veut que l’on honore plus que tous les autres, et il en donne le juste motif c’est qu’ils supportent de grandes fatigues. Car lorsque l’un ne veille ni ne médite, mais reste tranquillement assis sans crainte ni soucis, tandis que l’autre se fatigue en occupant son esprit et ses soins, surtout s’il est étranger à la science profane, comment celui-ci ne devrait-il pas être honoré grandement et plus que tous les autres, quand il se donne tant de peines ? Il est exposé à bien des langues ; l’un l’a blâmé, l’autre l’a loué, un troisième l’a raillé, un quatrième a attaqué sa mémoire ou sa méthode ; il lui faut bien de la force pour endurer tout cela. C’est une grande chose pour l’édification d’une église, c’est une chose de grande importance, que de savoir enseigner, quand on la gouverne ; sans cela bien des choses tombent en ruine, C’est pour cela qu’avec les autres qualités, avec l’hospitalité, la modération, en demandant que l’évêque soit irréprochable, l’apôtre ajoute : « Qu’il sache enseigner » ; Le docteur, ce doit être celui qui, par sa vie, enseigne l’amour de la sagesse. Rien de mieux ; mais il faut en même temps l’enseigner par ses discours. C’est pour cela que Paul dit : « Surtout ceux qui se fatiguent dans la parole et l’enseignement » ; car, quand il s’agit d’exposer les dogmes, quelle vie saurait suppléer aux paroles ? Et quelles paroles ? Non celles qui sont pompeuses et revêtues d’ornements profanes, mais des paroles pleines de force, de lumière et de prudence. Ce qu’il faut, ce n’est pas l’art du style et du langage ; il faut des pensées, de quelque façon qu’on les exprime ; non l’art de la composition, mais seulement la sagesse.
« N’accueillez pas d’accusation contre un ancien, s’il n’y a deux ou trois témoins (19) ». Faut-il donc accueillir contre un jeune homme, ou contre qui que ce soit, une accusation sana témoignage ? Ne faut-il pas prêter l’oreille avec un discernement scrupuleux ? Que veut donc dire l’apôtre ? Qu’il ne faut accueillir ces sortes d’accusations contre personne, mais surtout contre un ancien. Et il ne parle pas ici de la dignité sacerdotale, mais de l’âge, car les jeunes gens sont plus sujets à faillir que les vieillards. Il est évident par tout ceci que désormais une église est confiée à Timothée, ou même toute la province d’Asie ; aussi lui parle-t-il des anciens. – « Ceux qui sont en faute, réprimandez-les en présence de tous, afin que les autres en conçoivent de la crainte (20) ». C’est-à-dire, ne les rejetez pas trop vite, mais examinez tout avec une grande exactitude ; et, quand vous vous serez rendu clairement compte de l’affaire, montrez-vous plein d’énergie, afin que les autres deviennent plus retenus. Car, s’il est nuisible de condamner sans raison, ne pas agir contre les fautes manifestes, c’est ouvrir la voie aux autres, pour qu’ils osent en faire autant. Il ne dit