Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/372

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et encore : « Allez, maudits, au feu éternel, qui a été préparé pour le diable et pour ses anges » (Mat. 7,23 ; 25, 41) ; et encore : « Il y a un abîme entre vous et nous » (Luc. 16,26) ; et encore ce mot plein de terreur : « Prenez-le, et le jetez dans les ténèbres extérieures » ; et encore celui-ci qui n’est pas moins affreux : « Serviteur méchant et paresseux ». (Mat. 22,13 ; 25,26) Rien de plus terrible et de plus épouvantable que ce tribunal ; et cependant Dieu est doux et clément. Il se nomme le Dieu des miséricordes et le Dieu de la consolation, et il est bon comme personne n’est bon, il est plein de bénignité, de mansuétude et de compassion, et il ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive. (Eze. 13,23) D’où vient donc, d’où vient que ce jour est rempli de tant d’épouvante ? Un fleuve de feu coule devant sa face ; les livres où nos actions se trouvent écrites, sont ouverts ; ce jour est comme une fournaise ardente ; les anges parcourent l’univers en tout sens, partout les feux s’embrasent. – Comment donc peut-on dire que le Seigneur est clément, qu’il est miséricordieux, qu’il est bon ? – Il est bon même ainsi ; c’est cela même qui montre la grandeur de sa bonté. Car par ce moyen il nous inspire une grande terreur, afin qu’excités par cette raison nous concevions enfin le désir du céleste royaume.

Remarquez comme le témoignage qu’il rend à Onésiphore n’est pas un témoignage ordinaire et tel quel. « Souvent il m’a soulagé », dit-il j’étais comme un athlète que la fatigue et la chaleur accablent, et il m’a rafraîchi, réconforté. – « Vous savez mieux que personne toutes les assistances qu’il m’a rendues à Éphèse ». Il m’a consolé non seulement à Éphèse, mais aussi à Rome. Tel doit être l’homme vigilant et sobre, ce n’est pas une fois, ni deux, ni trois, qu’il doit travailler, mais toute sa vie. De même que ce n’est pas assez pour notre corps de se nourrir une fois pour subsister ensuite le reste du temps de notre vie, mais qu’il a besoin d’une nourriture quotidienne ; de même notre piété veut être chaque jour entretenue par la pratique des bonnes œuvres. Nous avons un grand besoin de miséricorde. C’est pour nous guérir de nos péchés que le bon Dieu a fait tout ce qu’il a fait ; pour lui il n’a besoin de rien, c’est pour nous qu’il agit. C’est pourquoi il nous a tout révélé et expliqué, et non seulement expliqué par des paroles mais confirmé par des œuvres. Certes on pouvait en croire sa parole ; mais pour que personne ne s’imagine que l’enfer ne soit qu’une exagération de langage et un vain épouvantail, il ajoute à sa parole l’a preuve par les faits. Comment cela ? en infligeant des châtiments aux particuliers et aux nations. Cette preuve par les faits, il vous la donne tantôt en châtiant Pharaon, tantôt en versant sur la terre les eaux du déluge pour la destruction du genre humain, tantôt en répandant des torrents de feu sur des villes coupables. Et aujourd’hui même que de méchants ne voyons-nous pas punis et châtiés ? Ce sont là autant de preuves de l’existence de l’enfer.

3. Pour nous empêcher de nous endormir du sommeil de la négligence, et d’oublier ses paroles, Dieu nous donne des faits pour raviver notre souvenir et nous faire ouvrir les yeux ; ainsi il nous montre ici-bas des jugements, des tribunaux, des peines. Quoi ! les hommes prendraient tant de souci du juste de l’injuste, et Dieu le souverain législateurs serait indifférent ? Cela n’est pas admissible. Dans les maisons des particuliers, sur la place publique ; nous voyons partout des tribunaux. Un père de famille, dans sa maison, juge chaque jour ses serviteurs, il leur demande compte de leurs fautes, punit les uns et pardonne aux autres. Dans les champs, le fermier et sa femme sont jugés tous les jours. Sur son navire le capitaine exerce la justice comme le général d’armée dans son camp. Enfin on voit des tribunaux partout, on en trouverait jusque dans les écoles où le maître juge ses disciples. Dans leur particulier comme en public, partout les hommes exercent la justice les uns envers les autres ; nulle part on ne voit la justice négligée, partout au contraire il faut que l’on compte avec elle. Quoi donc, encore une fois ! parmi nous la justice portera de tous côtés ses investigations dans les villes, dans les maisons, nul ne sera oublié ; et en ce jour-là, lorsque la main de Dieu sera pleine de justice, que sa justice sera comme les montagnes de Dieu, en ce jour-là il ne serait pas tenu compte de la justice !

Et comment ce Dieu qui juge, ce Dieu juste et fort supporte-t-il le mal avec tant de longanimité, et ne le punit-il pas tout de suite ? Tant que nous sommes ici-bas, il a raison d’être patient. Il use de patience pour vous attirer à la