Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/396

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pour exprimer quelque chose d’inanimé, un objet de rien. Par exemple, écrivant aux Corinthiens, l’apôtre dit : « L’homme ne doit point se voiler la tête parce qu’il est l’image et la gloire de Dieu » (1Co. 11,7) ; et de son côté le Psalmiste dit : « L’homme passe en image ». (Psa. 38,7)

C’est ainsi que le lion est tantôt pris pour signifier quelque chose de royal et de majestueux, comme dans ce passage : « Il s’est endormi comme un lion et comme un lionceau, qui le réveillera ? » (Gen. 49,9) Tantôt pour exprimer quelque chose de mal comme la rapine : « Tel qu’un lion ravisseur et rugissant ». (Psa. 21,14) Nous ne parlons pas autrement nous-mêmes. L’infinie variété des objets de la nature est telle que, pour les exprimer, nous sommes obligés d’avoir recours à toute sorte d’exemples et de comparaisons. Ainsi, quand nous voulons parler avec admiration d’une belle personne, nous la comparons à une peinture ; nous disons d’une belle peinture qu’elle est parlante. Nous n’avons pas la même chose en vue dans les deux cas : dans celui-ci nous considérons la ressemblance, dans celui-là la beauté. Il en est de même du mot de « forme » dont saint Paul se sert, et qu’il prend là pour la figure, l’image, la règle et le modèle de la piété, ici pour une image inanimée, pour une figure morte et une vaine représentation. La foi donc sans les œuvres n’est qu’une apparence sans solidité. Un beau corps, paré des plus belles couleurs, mais sans vigueur, et pareil à ceux que l’on voit sur les tableaux des peintres, telle est la pure foi sans les œuvres. Admettons qu’un homme soit un avare, un traître, un insolent, et que sa foi soit pure, qu’y gagnera-t-il s’il n’a aucune des autres qualités qui font le chrétien, s’il ne pratique aucune œuvre de piété, s’il est plus impie qu’un païen, s’il ne vit que pour la perte de ceux qui le fréquentent, que pour blasphémer le saint nom de Dieu et pour déshonorer par sa conduite la foi dont il fait profession ? « Fuyez-les », dit saint Paul. Mais si ces hommes ne devaient venir qu’à la fin des temps, pourquoi l’apôtre recommande-t-il à son disciple de les éviter ? C’est que vraisemblablement il y en avait déjà de tels dès ce temps-là, quoique relativement en petit nombre ; mais la vérité est que le conseil d’éviter ces hommes ut s’adresse pas plus à Timothée qu’à nous tous. – « Car de ce nombre sont ceux qui s’introduisent dans les maisons, et qui traînent après eux comme captives, des femmes de rien, chargées de péchés et possédées de diverses passions ; lesquelles apprennent toujours et n’arrivent jamais à la connaissance de la vérité (6, 7) ».

2. Voyez-les user de la même fraude que l’antique séducteur. Ils se servent du même instrument dont le démon se servit contre Adam. – « Qui s’introduisent dans les maisons », dit l’apôtre, employant une expression qui peint parfaitement l’impudence, la dégradation, la fraude, la basse flatterie.« Qui traînent après eux comme captives, des femmelettes ». Est femmelette quiconque se laisse facilement séduire et est loin de la fermeté virile. C’est le propre des femmes de se laisser tromper, ou plutôt c’est le propre non des femmes, mais des femmelettes. – « Chargées de péchés ». Vous voyez d’où vient qu’elles se laissent facilement séduire ; cela vient de la multitude de leurs péchés et du mauvais état de leur conscience. « Chargées de péchés » est une expression d’une admirable propriété ;. elle peint non seulement la multitude des péchés, mais encore le désordre et la confusion. – « Et possédées de diverses passions ». Ce n’est point le sexe qu’il accuse, il ne dit pas simplement des femmes, mais il ajoute de quelle sorte de femmes il veut parler. – « De diverses passions ». Quelles passions ? Il a en vue la mollesse, le dévergondage, la luxure, ainsi que la cupidité, la vanité, la présomption, l’amour des honneurs, et peut-être d’autres passions encore plus honteuses. – « Lesquelles apprennent toujours, et qui n’arrivent jamais jusqu’à la connaissance de la vérité ». Ce n’est pas pour les excuser qu’il parle de la sorte, mais bien pour les menacer fortement ; car elles ont elles-mêmes enseveli sous la masse de leurs péchés leur intelligence qui en a été aveuglée.

« Comme Jannès et Mambrès résistèrent à Moïse, ceux-ci de même résistent à la vérité ». Qui sont ces hommes, sinon des magiciens du temps de Moïse ? Mais comment se fait-il qu’on ne lit leurs noms nulle part ailleurs ? Il faut que saint Paul ait appris leurs noms soit par la tradition, soit par l’inspiration du Saint-Esprit. – « Ceux-ci de même résisteront à la vérité. Ce sont des hommes corrompus dans l’esprit et pervertis dans la