Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/397

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

foi. Mais le progrès qu’ils feront aura ses bornes ». Leur folie sera rendue visible à tous les yeux comme celle des magiciens. « Mais leur progrès aura des bornes ». Cependant saint Paul dit plus haut (2, 16) que leur impiété n’aura pas de bornes ; comment concilier cela ? Plus haut il veut dire que les novateurs, une fois qu’ils se seront mis à l’œuvre, ne s’arrêteront plus dans la voie de l’égarement, qu’ils inventeront sans cesse de nouvelles fraudes et de nouveaux mensonges. Ici il déclare qu’ils ne tromperont pas toujours, qu’ils n’entraîneront jamais tout après eux, quelques chutes qu’ils aient d’abord causées, mais que bientôt ils seront démasqués. Que ce soit là sa pensée, ce qui suit le prouve. « Car leur folie sera rendue visible à tous, comme le fut alors celle de ces magiciens ». Quelque prestige qu’exerce d’abord l’erreur, jamais elle ne subsiste jusqu’à la fin. Telle est la destinée des choses qui ne sont belles qu’en apparence et non en réalité. Elles ont un instant de vogue, puis on en voit le néant, et elles tombent aussitôt. Mais telle n’est pas notre doctrine, vous en êtes témoins, nous ne nous soutenons point par la fraude. Le mensonge n’est pas ce que nous prêchons ; qui voudrait mourir pour le mensonge ?

« Quant à vous, vous avez été assez longtemps avec moi pour savoir quelle est ma doctrine, ma manière de vie, la fin que je me propose, ma foi, ma tolérance, ma charité, ma patience, etc. » – « Vous avez été « assez longtemps avec moi, etc. », soyez donc fort. L’apôtre ne dit pas seulement : Vous avez été avec moi, mais : « Vous avez été assez longtemps avec moi » ; tel est le sens du mot dont il se sert. « Quelle est ma doctrine », voilà pour l’enseignement par la parole. – « Quelle est ma manière de vie », voilà pour la conduite et les œuvres. – « Quelle est la fin que je me propose », voilà pour l’intention et le but pratique. Je ne me suis pas borné à parler, dit-il, j’ai agi ; je ne me suis pas contenté d’une sagesse en paroles. – « Quelle est ma foi, ma longanimité » ; vous savez que rien ne m’a troublé dans l’accomplissement de ma mission. – « Quelle a été ma charité », vertu étrangère aux partisans de l’erreur, ainsi que la patience, et vous savez qu’elle a été la mienne. Il a usé de longanimité envers les hérétiques, et de patience contre les persécutions.

« Quelles ont été mes persécutions, mes afflictions ». Voilà deux choses capables d’effrayer un prédicateur de la foi, le grand nombre des hérétiques, et le manque de force pour souffrir les afflictions. Ces hérétiques, il en a déjà beaucoup parlé ; il a dit qu’il y en a toujours eu, qu’il y en aura toujours, qu’aucune époque n’en est exempte, qu’ils ne pourront en aucune façon nous nuire ; enfin, qu’il y a dans le monde des vases d’or et des vases d’argent. C’est pourquoi il ne parle plus que de ses afflictions. – « Ce qui m’est arrivé à Antioche, à Icone, à Lystre ». Pourquoi, d’un si grand nombre d’afflictions qu’il avait souffertes, ne rapporte-t-il que celles-ci, sinon parce que son disciple connaissait les autres ? Peut-être aussi fait-il une mention particulière, de celles-ci par la seule raison qu’elles étaient toutes récentes : Il ne s’arrête pas à énumérer toutes ses tribulations, parce qu’il est ennemi de la vaine gloire et de l’ostentation. Il parle pour encourager et consoler son disciple, et non pour faire étalage de ses mérites. Il s’agit ici d’Antioche, de Pisidie et de Lystre, patrie de Timothée. – « Quelles persécutions j’ai endurées, et comment le Seigneur m’a tiré de toutes ». Voilà deux grands motifs d’encouragement. J’ai montré une généreuse ardeur, dit saint Paul, et Dieu de son côté ne m’a pas abandonné ; ma couronne a été d’autant plus glorieuse que j’avais plus souffert. Voilà ce qu’il veut dire par ces mots : « Quelles persécutions j’ai endurées, et comment le Seigneur m’a tiré de toutes ».

3. « Ainsi tous ceux qui veulent vivre avec piété en Jésus-Christ seront persécutés ». Pourquoi parler de moi en particulier ? dit-il, est-ce que tout homme qui voudra vivre dans la piété ne sera pas persécuté ? Par persécutions il entend ici les peines et les tribulations de la vie. On ne peut point marcher par le chemin de la vertu et être exempt de chagrin, d’affliction, de douleur, d’épreuves de toutes sortes. Comment en serait-il autrement puisque c’est marcher dans la voie étroite et resserrée, puisqu’il a été dit : « Vous aurez des tribulations dans ce monde ? » (Jn. 16,33) Si de son temps Job a pu dire : « La vie de l’homme sur la terre n’est qu’une épreuve continuelle » (Job. 7,1), combien cela : est-il plus vrai encore aujourd’hui ?

« Mais les hommes méchants et les imposteurs avanceront de plus en plus dans le