Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/429

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d’obstacles qui entravent leur vigilance dans cet âge avancé, et tout d’abord cette torpeur des sens que je viens d’indiquer et qui fait qu’ils s’éveillent difficilement, qu’ils se mettent difficilement en mouvement ; aussi l’apôtre ajoute-t-il : « Graves prudents ». Saint Paul parle donc de la prudence, et cette vertu peut être en quelque sorte appelée la sauvegarde de l’âme. Il y a oui il y a même parmi les vieillards des hommes qui se laissent emporter à la fureur et à la démence, les uns à la suite de l’ivresse, les autres à cause de leurs chagrins ; car la vieillesse nous apporte la pusillanimité. – « Sains en la foi, en la charité et en la patience ». L’apôtre dit très bien :« Et en la patience ». C’est là en effet une qualité qui convient particulièrement à la vieillesse.
« De même que les femmes âgées règlent leur extérieur d’une manière convenable », c’est-à-dire qu’elles fassent briller leur modestie par la manière dont elles s’habillent. « Ni médisantes, ni sujettes au vin », c’est là en effet surtout le vice des femmes et des vieillards, car lorsque l’âge nous refroidit, nous aimons passionnément lé vin. C’est pourquoi l’apôtre s’attache surtout à ce point dans les conseils qu’il donne aux femmes âgées, il veut extirper partout l’ivrognerie, leur enlever ce défaut, et écarter d’elles le rire qui les suit lorsqu’elles ont bu. Les vapeurs du vin leur montent plus facilement à la tête, et attaquent très vite les membranes du cerveau grâce à l’affaiblissement de l’âge : c’est de là surtout que vient l’ivresse. C’est principalement à cet âge qu’il est besoin de vin, car la vieillesse est débile ; mais il n’en faut pas beaucoup, et il en est de même pour les jeunes femmes, non par la même raison, mais parce que le vin allume en elles les désirs coupables. « Qu’elles enseignent de bonnes choses », et cependant l’apôtre leur défend d’enseigner : comment donc le leur permet-il ici lui qui a dit ailleurs : « Je ne permets point à la femme d’enseigner ? » Mais écoutez ce qu’il ajoute : « Ni d’user d’autorité sur son mari ». (1Tim. 2,12) En effet il a déjà autorisé les hommes à enseigner l’un : et l’autre sexe ; s’il donne maintenant aux femmes le droit d’enseigner, c’est seulement dans la maison ; mais nulle part il ne veut qu’elles occupent la première place et tiennent de longs discours, et c’est pour cette raison qu’il ajoute : « Ni d’user d’autorité sur son mari ». – « Qu’elles enseignent la prudente aux jeunes femmes », dit-il.
2. Voyez-vous comment saint Paul met l’union et la concorde dans le peuple ? Comment il soumet les jeunes femmes aux femmes âgées ? Car par ces jeunes femmes il n’entend pas seulement leurs filles, mais il parle des droits de la vieillesse. Que toute femme âgée, dit-il, apprenne aux jeunes à être modestes, « à aimer leurs maris », c’est là en effet dans une maison la source de tous les biens. « Que la femme », dit l’Écriture, « soit en bon accord avec le mari ». (Sir. 25,1) S’il en est ainsi, il ne naîtra aucun désagrément. En effet, supposez que la tête vive en bonne intelligence avec le corps, et qu’il n’y ait entre eux aucun dissentiment ; tout le reste ne sera-t-il pas en paix ? Lorsque les princes vivent en paix, qui oserait troubler la tranquillité publique ? Mais qu’au contraire ils soient en lutte, rien n’est sans trouble. Il n’y a donc rien de préférable à la concorde des époux, elle est beaucoup plus utile que l’or, la noblesse, la puissance et tous les autres biens. L’apôtre ne, dit pas seulement : Que les femmes vivent en paix, mais : « Qu’elles aiment leurs maris ». Une fois que l’amour unira les époux, aucune difficulté ne s’élèvera entre eux ; et tous les autres biens naîtront de cette bonne entente. « A aimer leurs enfants », cela est très bien dit ! Car celle qui aime l’arbre, aimera bien plus encore les fruits. « Sages, pures, gardant la maison, bonnes » : tout vient de l’amour, et si les femmes sont bonnes, si elles prennent soin de leur maison, c’est parce qu’elles aiment leurs maris.
« Soumises à leurs maris, afin que la parole de Dieu ne soit point blasphémée » : car celle qui dédaigne son mari, n’a pas soin de sa maison non plus ; c’est de l’amour que provient la sagesse, c’est l’amour qui termine tout dissentiment ; l’amour persuadera facilement le mari, si c’est un gentil, et le rendra meilleur, si c’est un chrétien. Voyez-vous la condescendance de l’apôtre ? Il n’y a rien qu’il ne fasse pour nous arracher aux affaires du monde et le voici maintenant qui prend le plus grand souci du ménage des époux. C’est que si tout est en bon ordre dans la maison, les choses de l’ordre spirituel auront aussi leur place, autrement l’âme elle-même sera ravagée. La femme qui reste chez elle ne peut qu’être sage, la femme qui reste chez elle ne peut qu’être habile