Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/430

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à gouverner sa famille ; elle ne s’appliquera pas à vivre dans la mollesse, à dépenser sans motif, ni à faire rien de semblable. « Afin que la parole de Dieu ne soit pas blasphémée ». Le voyez-vous ? il pense à la prédication et non aux choses du siècle. Dans son épître à Timothée il y a ces paroles : « Afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille en toute piété et honnêteté ». (1Tim. 2,2) Ici, que dit-il ? « Afin que la parole de Dieu ne soit point blasphémée ». S’il arrive en effet qu’une chrétienne mariée avec un infidèle ne soit pas vertueuse, il s’élève souvent de là des blasphèmes contre Dieu ; mais si elle a l’ornement de la vertu, la prédication tire gloire et d’elle et de ses bonnes œuvres. Qu’elles m’entendent, celles qui sont mariées avec des hommes pervers ou avec des infidèles ; qu’elles m’entendent et qu’elles sachent que par leurs bonnes mœurs elles les mèneront à la piété. Quand vous ne pourriez pas remporter d’autre victoire, quand vous ne pourriez pas les pousser à partager votre foi en nos saints dogmes, du moins vous leur fermerez la bouche, et ne les laisserez pas tourner leurs blasphèmes contre le christianisme. Cela n’est pas un petit résultat, il est immense, puisque par votre conduite vous leur ferez admirer notre religion.
« Exhorte aussi les jeunes gens à être sobres ». Voyez-vous comme l’apôtre veut toujours que la bienséance soit observée ; tout à l’heure il a confié en grande partie aux femmes l’instruction des femmes, en soumettant les jeunes femmes aux femmes âgées, mais pour l’enseignement des hommes, il le remet à Tite. Car rien, non rien ne peut être plus difficile et plus pénible à cet âge, que de triompher des plaisirs coupables. Ni la passion des richesses, ni le désir de la gloire, ni rien enfin ne trouble autant cet âge que l’amour sensuel. Aussi l’apôtre laisse-t-il de côté tout le reste, pour ne s’attacher qu’à ce seul point dans son exhortation. Il ne néglige cependant pas le reste, car que dit-il ? « Montre-toi toi-même pour modèle de bonnes œuvres en toutes choses ». L’entendez-vous ? Que les femmes âgées, dit-il, enseignent les plus jeunes, mais toi, exhorte les jeunes gens à être tempérants. Que ta vie soit une éclatante leçon, un exemple de vertu, qu’elle soit exposée à tous les yeux, comme un type qui contienne en lui tout ce qu’il y a de beau et qui puisse donner très facilement le modèle de toutes les qualités à ceux qui voudront se former sur lui : « Montre-toi toi-même pour modèle de bonnes œuvres en toutes choses, en une doctrine exempte de toute altération, en intégrité, en gravité, en paroles saintes qu’on ne puisse pas condamner, afin que celui qui nous est contraire soit rendu confus n’ayant rien à dire de nous ».
3. Par « celui qui nous est contraire », il faut entendre le diable et tous ceux qui le servent. Lorsque notre vie est belle, que nos paroles s’accordent avec nos actions, que nous sommes modérés, doux, bienveillants, et que nous ne donnons aucune prise à nos adversaires, n’avons-nous pas les plus grands biens, des biens ineffables ? Quelle n’est donc pas l’utilité du ministère de la parole, je ne dis pas de toute parole, mais d’une parole sainte, irrépréhensible et qui n’offre aucune prise à nos adversaires ! – « Que les serviteurs soient soumis à leurs maîtres, leur complaisant en toutes choses ». Mais voyez ce qui a été dit auparavant : « Afin que celui qui nous est contraire soit rendu confus, n’ayant aucun mal à dire de nous ». Il est donc blâmable celui qui sous prétexte de continence sépare les femmes de leurs maris, et de la même manière enlève les esclaves à leurs possesseurs. Ce n’est plus avoir une doctrine saine et irréprochable, c’est au contraire donner prise aux infidèles contre nous, c’est exciter contre nous toutes les langues. – « Que les serviteurs », dit-il, « soient soumis à leurs maîtres, leur complaisent en toutes choses, n’étant point contredisants, ne détournant rien, mais faisant toujours paraître une grande fidélité, afin de rendre honorable en toutes choses la doctrine de Dieu notre Sauveur ». Aussi disait-il avec raison dans un autre passage : « Qu’ils servent comme s’ils servaient le Seigneur et non pas les hommes ». (Eph. 6,7) Je veux que vous serviez votre maître avec amour ; cet amour néanmoins vient de la crainte de Dieu, et celui qui, possédé d’une telle crainte, sert fidèlement son maître, recevra les plus grandes récompenses. S’il ne sait ni arrêter sa main, ni contenir sa langue, comment le gentil admirera-t-il notre doctrine ? Si au contraire on voit qu’un esclave, sage en Jésus-Christ, montre plus de force d’âme que les sages du monde, et qu’il sert avec la plus grande douceur sans aucun mauvais sentiment,