Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/459

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pouvoir, fais des progrès dans la vertu, et la menace n’aura pas d’autre effet, mais si, ce qu’à Dieu ne plaise, tu méprises les menaces, tu connaîtras la punition dont tu étais menacé. Si les hommes d’avant le déluge avaient redouté ce dont ils étaient menacés, ils n’auraient pas été châtiés. De même pour nous, si nous craignons les menaces, nous ne serons pas punis. Ah ! puissions-nous ne pas l’être, et que la bonté de Dieu fasse que, ramenés à plus de sagesse, nous obtenions les biens ineffables du royaume éternel. Puissions-nous tous nous en montrer dignes par la grâce et le bienfait de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui partage avec le Père et le Saint-Esprit, la gloire, la puissance et l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Traduit par M. B. A.


COMMENTAIRE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX HÉBREUX, PUBLIÉ APRÈS SA MORT, D’APRÈS SES NOTES, PAR CONSTANTIN, PRÊTRE D’ANTIOCHE.

ARGUMENT

Analyse.

Pourquoi Paul, étant juif, n’a-t-il pas été envoyé vers les juifs. – Pourquoi, à quelle époque et à quelle occasion a-t-il écrit une épître aux Hébreux ?

Le bienheureux Paul écrit aux Romains : « Tant que je serai l’apôtre des gentils, j’honorerai mon ministère, en lâchant d’exciter de l’émulation dans ceux qui me sont unis selon la chair », (Rom. 11,13-14) ; et ailleurs il dit encore : « Celui qui a agi efficacement dans Pierre, pour le rendre apôtre des circoncis, a aussi agi efficacement en moi pour me rendre l’apôtre des gentils ». (Gal. 2,8) Donc il était l’apôtre des gentils, ce qui résulte des Actes des apôtres où Dieu lui dit : « Va, je vais t’envoyer bien loin chez les gentils ». (Act. 22,21) Qu’avait-il – de commun avec les Hébreux ? Pourquoi cette épître qu’il leur adresse, lui surtout qui leur inspirait une haine évidemment prouvée par plusieurs passages ? Écoutez ce que lui dit Jacques : « Tu vois, frère, combien de milliers de juifs ont cru, eh bien ! ils ont tous entendu dire que tu leur prêches l’apostasie de la loi » (21, 20 ; 21) : et bien des questions lui furent souvent adressées à ce sujet.
Pourquoi donc, dira quelqu’un, versé comme il était dans la loi, en disciple élevé aux pieds de Gamaliel, pourquoi transporté comme il était du zèle de cette loi, et capable par conséquent de confondre ses adversaires, n’a-t-il pas été envoyé par Dieu aux juifs ? C’est que toutes ces qualités étaient précisément autant de titres à leur antipathie. Cette antipathie, Dieu la connaissait d’avance ; il savait que Paul ne serait pas accueilli par les juifs. Il lui dit donc : « Va trouver les gentils, car les juifs ne recevront pas le témoignage que tu leur rendras de moi ». (Act. 22,18) Il répondit : « Seigneur, ils savent eux-mêmes que c’était moi qui mettais en prison et, qui faisais fouetter dans les synagogues ceux qui croyaient en vous, et que lorsqu’on répandait le sang de votre martyr Étienne, j’étais présent, je consentais à sa mort et je gardais les vêtements de ceux qui le lapidaient ». (Id. 19,20) Il veut montrer et prouver par là qu’on ne croira pas à sa parole. Car il en est ainsi : une nation se voit-elle abandonnée par un homme infime et de nulle valeur, cet abandon ne lui fait pas grand-peine. Mais si le transfuge est un homme distingué et brûlant de zèle qui partageait autrefois ses idées, cet abandon est pour la nation entière un chagrin, un tourment, c’est une atteinte gravé portée à ses dogmes. Il y avait encore une chose qui pouvait rendre les juifs incrédules. Pierre et les autres avaient vécu avec le Christ ; ils avaient été témoins de ses prodiges et de ses miracles ; mais, pour Paul, rien de tout cela n’avait eu lieu. C’était un transfuge qui,