Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/461

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qui devaient se réaliser après leur mort ; les maux, ils les touchaient du doigt, et l’excès de leurs souffrances était bien capable de les abattre.
Voilà pourquoi Paul s’étend sur ce chapitre. Mais nous développerons ce sujet en son lieu ; pour le moment nous nous bornerons à montrer qu’il devait nécessairement écrire à des hommes dont le sort lui causait tant d’inquiétude. Quoiqu’il ne leur ait pas été envoyé pour les motifs que nous connaissons, rien ne l’empêchait de leur écrire. C’est à leur abattement qu’il fait allusion par ces mots : « Relevez vos mains languissantes, vos genoux qui fléchissent, et marchez dans la droite voie » ; et il leur dit en outre : « Dieu n’est pas injuste pour oublier vos œuvres et votre charité ». (Id. 22,12 ; 13, et VI, 10) Car l’âme ébranlée par des tentations fréquentes, est sujette à sortir du giron de la foi. De là ces exhortations de Paul qui cherche à les raffermir et à les garantir de l’incrédulité. Voilà pourquoi, dans cette épître surtout, il s’étend sur le chapitre de la foi, et leur montre enfin par de nombreux exemples, que leurs pères aussi n’ont pas vu se réaliser ces promesses d’un bonheur immédiat : Puis, afin que dans leur malheur ils ne se crussent point tout à fait abandonnés de Dieu, il les instruit de deux manières. Il les engage d’abord à supporter toutes les tribulations avec courage, ensuite à espérer une palme assurée ; car Dieu ne laissera pas sans récompense Abel et les justes qui lui ont succédé. Puis il leur offre trois sortes de consolations : c’est la passion du Christ qu’il leur offre pour exemple ; le serviteur ne doit pas être mieux traité que le maître ; ce sont les prix que Dieu propose à ceux qui croient en lui : c’est enfin la nature même des tribulations auxquelles ils sont en proie. Pour affermir leurs cœurs, il invoque non seulement l’avenir qui aurait pu ne pas faire assez d’impression sur eux, mais le passé et l’histoire des malheurs de leurs pères. Et c’est ainsi ce que fait le Christ, lorsqu’il déclare que l’esclave n’est pas plus grand que le maître, lorsqu’il affirme qu’il y a plus d’une place auprès de son père, lorsqu’il ne cesse de crier : Malheur aux incrédules !
L’apôtre fait souvent mention de l’Ancien et du Nouveau Testament, parce qu’il remarquait que c’était là un puissant moyen pour les faire croire à la résurrection. Pour que la passion de Notre-Seigneur ne jette aucun doute sur sa résurrection, il entasse autour de ce dogme les témoignages des prophètes, et apprend à ses auditeurs que c’est notre religion et non celle des juifs qu’il faut vénérer. C’est que le temple était encore debout avec ses sacrifices, et voilà ce qui lui fait dire : « Sortons du camp, en portant l’ignominie de sa croix ». (Héb. 13,13) Ici des contradicteurs pouvaient lui dire : Si tout cela est ombre et symbole, pourquoi toutes ces ombres ne passent-elles pas, pourquoi ne s’effacent-elles pas aux rayons de la vérité qui se lève ? Pourquoi l’ancien état de choses est-il toujours florissant ? Il leur fait donc entendre que ce qui n’est point encore arrivé, arrivera en temps et lieu. Il leur fait voir enfin qu’autrefois déjà, et pendant longtemps, ils avaient persévéré dans la foi, au milieu des tribulations. Depuis le temps qu’on vous instruit, leur dit-il, vous devriez déjà être maîtres. – Que nul d’entre vous ne laisse pénétrer dans son cœur le poison de l’infidélité. – « Vous vous êtes rendus les imitateurs de ceux qui, par leur foi et parleur patience, sont devenus les héritiers des promesses ». (Id. 5,12 ; 3, 12 ; 6, 12)

HOMÉLIE PREMIÈRE.


DIEU AYANT PARLÉ AUTREFOIS A NOS PÈRES EN DIVERS TEMPS ET EN DIVERSES MANIÈRES PAR LES PROPHÈTES, NOUS A ENFIN PARLÉ, EN CES DERNIERS JOURS, PAR SON PROPRE FILS, QU’IL A FAIT HÉRITIER DE TOUTES CHOSES, ET PAR QUI IL A MÊME CRÉÉ LES SIÈCLES. (I, 1, 2)

Analyse.

  • 1. Éloge de saint Paul. – Il est plus grand que les prophètes. – Grandeur du Fils de Dieu. 2. Paul réfute les ariens. – Degrés de la grandeur du Christ.
  • 3. Exhortation à la vertu. – Ce qu’on fait à son prochain, on le fait à Dieu.
  • 4. La médisance, l’envie, l’avarice, la colère retombent sur ceux qui s’en rendent coupables. – Peines de l’enfer. – Exhortation à l’aumône. – Explication de ces paroles de l’Évangile : Facite vobis amicos ex mamona iniquitatis.


1. Oui, partout où abondent les péchés, on voit surabonder la grâce. (Rom. 5,20) C’est ce que fait entendre le bienheureux Paul, eh commençant son épître aux Hébreux. Naturellement, les tortures, les persécutions auxquelles ils avaient été en butte de la part des méchants, devaient les rabaisser à leurs propres yeux, au-dessous des autres. Paul leur montre donc que ces persécuteurs mêmes leur ont fait obtenir une grâce surabondante. Au début même de son discours, il éveille l’attention de ses auditeurs, auxquels il dit : « Dieu ayant parlé autrefois à nos pères en divers temps et en diverses manières par les prophètes, nous a enfin parlé, en ces derniers jours, par son propre Fils ».
Pourquoi Paul ne s’est-il pas comparé aux prophètes ? Il