Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/481

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il faut panser la plaie. Agissons de même ici. Ah ! fasse le ciel que personne ici n’ait besoin des secours de la médecine ! « Car nous avons une meilleure opinion de vous et de votre salut, quoique nous parlions de la sorte ». (Héb. 6,9) Si nous vous avons parlé avec quelque vivacité, avec quelque véhémence, c’est pour plus de sûreté. J’aime mieux en effet passera vos yeux pour un homme audacieux, cruel et fier, que de vous voir faire quelque chose qui pourrait déplaire à Dieu.. Nous avons confiance en lui, et nous croyons que cette réprimande ne vous sera pas inutile ; nous croyons que vous vous corrigerez et que, grâce à ces observations, vous finirez par mériter nos éloges. Puissions-nous vivre de manière à nous rendre agréables à Dieu, de manière à obtenir tous tant que nous sommes, les biens qu’il a promis à ceux qui l’aiment, par la grâce de Jésus-Christ, Notre-Seigneur…


HOMÉLIE V.

CAR IL N’A PAS PRIS LA NATURE DES ANGES, MAIS IL A PRIS CELLE DE LA RACE D’ABRAHAM. C’EST POURQUOI IL A FALLU QU’IL FÛT EN TOUT SEMBLABLE A SES FRÈRES. (II, 16, 17, JUSQU’À III, 6)

Analyse.

  1. Dieu s’est montré libéral envers le genre humain.
  2. Jésus, apôtre et pontife de notre religion.
  3. Exhortation à s’affermir dans l’espérance et dans la foi.
  4. Du bonheur des méchants.
  5. Il faut, pour la religion, être prêt à tout souffrir.

1. Afin de montrer toute la bonté et toute la tendresse de Dieu pour le genre humain, après avoir dit : « Parce que ses enfants avaient une nature composée de chair et de sang, il s’est fait participant de cette même nature », Paul explique ce passage et continue en ces termes. « Car il ne prend pas la nature des anges ». Pour que l’on fasse une sérieuse attention à ces paroles, pour que l’on ne regarde pas comme un léger bienfait cette faveur qu’il nous a faite de se revêtir de notre chair, faveur qu’il n’a pas faite aux anges, il dit : « Il n’a pas pris la nature des anges, mais il a pris celle de la race d’Abraham ». Que signifient ces mots : « Il n’a pas pris la nature de l’ange ; il a pris celle de l’homme ? » Pourquoi cette expression : « Il a pris ? » Pourquoi ne pas dire : « Il s’est revêtu », mais : « Il a pris ? » C’est une métaphore empruntée à l’homme qui court après un autre, quand celui-ci se détourne : c’est une métaphore empruntée à cet homme qui fait tous ses efforts pour saisir le fuyard et pour prendre celui qui s’échappe. Il a pris la nature de l’homme qui le fuyait et qui s’éloignait de lui. « Car nous nous étions éloignés de Dieu, et nous étions dans le monde, sans connaître Dieu ». (Eph. 2,12) Dieu a poursuivi l’homme qui le fuyait et il a pris sa nature. Il montre que cette conduite de Dieu à notre égard est un effet de sa bonté, de sa tendresse et de sa sollicitude pour nous. C’est comme lorsqu’il dit : « Est-ce que tous les esprits, ministres de Dieu, n’ont pas été envoyés pour prêter leur ministère aux héritiers du salut ? » (Héb. 1,14) Il montre par là toute la sollicitude de Dieu pour la nature humaine, et tous les égards qu’il a pour nous. Ainsi dans le passage qui nous occupe, il met cette vérité dans un jour plus grand encore, au moyen d’une comparaison conçue, en ces termes : « Il ne prend pas la nature des anges ». C’est qu’il y a là un miracle bien capable de nous remplir, d’étonnement ; c’est notre chair qui se trouve élevée à ce degré de grandeur et qui devient l’objet de l’adoration des anges, des archanges, des séraphins et des chérubins.

Que de fois, en réfléchissant à ce prodige, j’ai été ravi en extase et quelle haute idée j’ai conçue alors de la nature humaine ! voilà un magnifique et brillant privilège ! Voilà une sollicitude singulière de Dieu pour l’homme ! Et Paul ne dit pas simplement : Il prend la nature de l’homme ; mais, pour élever l’âme de ses auditeurs, pour leur montrer toute la grandeur et toute la splendeur de leur naissance, il leur dit : « Il prend la nature de la race d’Abraham ; il fallait donc qu’il fût en tout semblable à ses frères ». Ces mots « en tout », que veulent-ils dire ? Ils signifient que le Christ a été enfanté et élevé, qu’il a, grandi, qu’il a souffert tout ce qu’il fallait souffrir, et qu’enfin il est mort. En un mot, il a été en tout semblable à ses frères. Après avoir longtemps entretenu son auditoire de la grandeur du Christ, de sa gloire suprême, il parle de sa Providence. Et voyez comme sa parole est adroite et puissante, comme il fait ressortir l’attention que le Christ apporte à nous ressembler complètement. O sollicitude de Dieu à notre égard ! Après avoir dit : « Parce que ses enfants ont une nature composée de chair et de sang, il s’est fait participant de cette même nature », il insiste et dit ici : « Il est devenu semblable en tout à ses frères ». C’est comme s’il disait. Lui qui est si grand, lui qui est la splendeur de la gloire, le caractère de la substance divine,